Recevoir la newsletter

« Le travail des CMPP est trop ignoré »

Article réservé aux abonnés

La Fédération des associations nationales de centres médico-psycho-pédagogiques (1) a tenu ses premières journées d'études du 1er au 3 décembre. Son président, Jean-Marie de Sinety, pédopsychiatre, médecin-directeur du CMPP de Tours, dresse un état des lieux et des besoins.
Quelles sont les caractéristiques des CMPP ?

Les centres médico-psycho-pédagogiques [CMPP] sont des établissements médico-sociaux à but non lucratif, qui ont vocation à accueillir des enfants et des adolescents mêlant souvent troubles psychiques, difficultés affectives et échecs dans les apprentissages. Les 306 CMPP et leur centaine d'antennes prennent en charge chaque année près de 190 000 enfants en traitement ambulatoire. Soit à peu près autant que les centres médico-psychologiques (CMP), qui relèvent, eux, du secteur public mais accueillent les mêmes types de pathologies. La pluralité de l'offre est à nos yeux une bonne chose.

Les CMPP eux-mêmes sont des structures de soins assez diversifiées. Certains sont agréés pour accueillir les enfants dès la naissance, d'autres à partir de 6 ans. La limite supérieure est fixée à 18 ou 20 ans, mais avec des exceptions. Selon les cas, l'équipe - toujours pluridisciplinaire - peut inclure des psychiatres, des psychologues, des orthophonistes, des psychomotriciens, des psychopédagogues, des enseignants spécialisés et des assistantes sociales (qui font le lien avec l'extérieur, l'école de l'enfant par exemple). Au-delà de leur diversité, les CMPP partagent une pratique clinique commune : ils considèrent l'enfant dans sa globalité, avec son histoire et son environnement familial.

Al'encontre des traitements comportementalistes ?

La tentation actuelle est de proposer des réponses plus ciblées, axées sur un symptôme -l'hyperactivité, un trouble du langage, telle ou telle difficulté d'apprentissage, une addiction... -, avec le risque de passer à côté de l'essentiel. Bien sûr, certains troubles spécifiques relèvent de traitements particuliers, mais il ne faut pas qu'un type de soins exclue les autres. Nous sommes attentifs aux nouveaux acquis scientifiques (génétique, imagerie médicale...) mais nous devons aussi faire la part entre les avancées réelles pour les patients et les pseudo-progrès scientistes adossés aux idéologies du moment. Nous mettons également en garde contre l'option hasardeuse des médications extensives.

Pourquoi avoir créé une nouvelle fédération en décembre 2003 ?

Pour rapprocher trois associations (2) qui se sont créées ou divisées pour des raisons historiques oubliées de la plupart des professionnels actuels. Regroupant ainsi 80 % des CMPP, nous voulons d'abord mieux faire connaître la richesse du travail réalisé. Les pouvoirs publics l'ignorent trop souvent, un peu comme ils oublient l'efficacité de la protection maternelle et infantile. Peut-être parce que nous sommes dans le paysage depuis longtemps... Le premier centre a été créé en 1945 et le développement de ces structures date surtout des années 60. Mais la demande est bien là avec, partout, des listes d'attente de 6 à 18 mois. 15 000 enfants sont en attente d'une première consultation et 15 000 autres d'un traitement. C'est dramatique.

Qu'est ce qui vous empêche d'en accueillir plus ?

Nous sommes rémunérés à l'activité par l'assurance maladie, mais dans le cadre d'un budget limitatif attribué chaque année par la direction départementale des affaires sanitaires et sociales. Le coût moyen des traitements atteint 1 000 € par enfant et par an. Au total, le prix de revient des 306 CMPP est celui d'un gros hôpital. Une dépense hors de proportion avec le service rendu par ces établissements de proximité qui emploient 7 500 personnes, soit 4 500 équivalents temps plein. Il manque 600 postes, soit deux en moyenne par centre, pour répondre à la demande. Nous craignons aussi un désengagement de l'Education nationale, qui a tendance à ne pas renouveler les postes des enseignants mis à disposition lors des départs à la retraite. Or la double culture, médicale et pédagogique, des centres - qui sont toujours codirigés par un médecin et par un directeur administratif et pédagogique (issu de l'Education nationale) ou un directeur administratif - est une originalité et une richesse à laquelle nous tenons. D'ailleurs, l'école elle-même nous envoie des enfants. Elle est aussi demandeuse d'un appui aux actions qu'elle développe pour les jeunes en difficulté.

Propos recueillis par Marie-Jo Maerel

Notes

(1)  Fédération des associations nationales des CMPP : 29, rue du Dr-Finlay - 75015 Paris - Tél. 01 44 37 19 30.

(2)  L'Association nationale des CMPP, l'Association française des CMPP et le Groupe de recherche et d'action médicale, éducative et sociale des CMPP et des CAMSP (centres d'action médico-sociale précoce).

Questions à

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur