La mise en place des nouveaux comités est laborieuse. Aujourd'hui, quinze mois après la loi du 13 août 2004 sur les responsabilités locales qui les a réformés, ils existent dans deux départements sur trois. Ces instances consultatives, placées auparavant sous la présidence du préfet, le sont désormais sous celle du président du conseil général, qui décide en outre de leur composition. Les Coderpa installés comptent de 28 à... 90 personnes. Certains départements ont créé des collèges de financeurs et/ou d'élus locaux. Mais les trois quarts s'en tiennent à notre suggestion (reprise par l'Assemblée des départements de France) de respecter les dispositions du décret initial de 1982, avec une représentation équilibrée entre les représentants des personnes âgées elles-mêmes et des institutions (2). Parmi les départements non encore pourvus d'un comité, un tiers s'en préoccupe, les autres ne bougent toujours pas. Cela devient pourtant une urgence.
Nous voulons être consultés systématiquement, et non plus de manière aléatoire, sur toutes les questions qui nous concernent, comme l'est le Conseil national consultatif des personnes handicapées. Cela a d'ailleurs failli se faire en 2002, mais le projet de réforme a été abandonné. Nous souhaitons également que la consultation soit élargie à tous les ministères, par exemple sur les questions de transport, de sécurité, de santé, de formation... Nous voulons encore qu'un lien soit établi entre le CNRPA et les Coderpa, qui pourrait se traduire par des échanges d'informations, des propositions de thèmes de travail communs, des rencontres... Actuellement, si le comité national veut lancer une réflexion, par exemple sur l'allocation personnalisée à l'autonomie (APA), le président du conseil général - et président du Coderpa - peut très bien mettre notre lettre à la corbeille. Il faut que le Coderpa soit réellement en mesure de donner son avis sur les politiques mises en œuvre par le département, qu'il ne soit pas qu'un faire-valoir du conseil général ou une annexe de sa direction des affaires sociales. Notre socle est constitué par les Coderpa et par ce qu'ils peuvent nous faire remonter du terrain. Inversement, ils nous demandent de les informer et de les outiller pour les aider dans leur mission et muscler leur action.
Nous nous mobilisons par exemple sur le coût des maisons de retraite supporté par l'usager. L'animation, qui est un puissant moyen de prévention de la dépendance, est imputée sur l'hébergement - payé par le résident - et non sur la dépendance - qui devrait être abondée par l'APA. Avec la Fédération hospitalière de France, nous demandons aussi que l'argent laissé à la disposition des résidents pris en charge par l'aide sociale passe de 10% du minimum vieillesse - à peine le prix d'un coup de peigne par mois... - à 30 %. C'est une question de dignité.
La loi du 11 février 2005 prévoit de faire converger les différents modes de compensation du handicap, quel que soit l'âge, dans les cinq ans. Nous demandons que les retraités soient intégrés le plus rapidement possible dans les maisons départementales des personnes handicapées. Cela ne figure pas explicitement dans les décrets, mais il y a place pour des personnes qualifiées... Nous siégeons ensemble à la caisse nationale de solidarité pour l'autonomie. Si nous espérons toujours qu'elle intégrera la sécurité sociale, nous saluons son démarrage, placé sous le signe de la compétence et de la conviction. Avec de nombreuses associations de personnes handicapées, nous souhaitons aller vers la convergence, dans le respect des spécificités de chacun. Mais il y a beaucoup de structures mentales à faire évoluer. Nous continuons d'y réfléchir activement dans le cadre du « Groupe des 31 » (3). Plus globalement, nous devons aussi changer le regard d'une société en proie au jeunisme, qui nous voit surtout comme une charge, sans considérer notre patrimoine intellectuel, matériel et humain.
Propos recueillis par Marie-Jo Maerel
(1) CNRPA (adresse postale) : 14, av. Duquesne - 75350 Paris 07 SP - Tél. 01 40 56 88 39.
(2) A l'image du CNRPA, qui comprend 16 représentants des associations et organisations syndicales de retraités, 8 personnes qualifiées, 7 représentants des institutions (et autant de suppléants dans chaque catégorie), plus le ministre en charge des personnes âgées qui le préside.
(3) Qui a succédé au GRITA - C/o Uniopss : 133, rue Saint-Maur - 75541 Paris cedex 11 - Tél. 01 53 36 35 00.