En présentant son rapport annuel, l'Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (EUMC) - une agence de l'Union européenne établie à Vienne (1) - a dénoncé les discriminations raciales que continuent « d'endurer les travailleurs immigrés, en particulier les musulmans, Roms et Tsiganes ». L'islamophobie « a empiré en Europe depuis l'assassinat du cinéaste néerlandais Theo Van Gogh et les attentats de Londres », estime Beate Winkler, directrice de l'agence. Mais la France semble pour l'instant épargnée par ce phénomène. La question de l'interdiction du foulard ressort davantage, selon elle, de la « volonté de protéger la femme musulmane et de protéger la laïcité ».
Les inégalités décrites dans ce rapport vont de la fourniture de logements médiocres aux migrants et aux minorités, voire de la ségrégation dans les établissements d'éducation spécialisée, jusqu'à l'attitude discriminatoire d'agences de placement qui, obéissant aux consignes de certains employeurs, ne proposent pas à ces derniers des candidatures d'émigrés pour des postes de travail. « Il est clair que l'Union européenne doit prioriser la lutte contre le racisme et la xénophobie afin de renforcer un discours public positif sur la diversité et l'égalité », considère Anastasia Crickley, présidente du conseil d'administration de l'agence.
Tout n'est cependant pas négatif, remarque Beate Winkler. « Nous avons bien progressé. Certains Etats sont même allés très loin. Mais nous avons encore un long chemin à parcourir et devrons accélérer le rythme de la mise en œuvre de nos politiques et mesures antidiscriminatoires (2) . » Le rapport recense ainsi une série de bonnes pratiques enclenchées dans plusieurs pays, telles que la mise à disposition de logements sociaux par les associations, les engagements anti-discrimination et le logo spécial des entreprises en Allemagne, la formation pour les Roms en Hongrie ou le recensement des banques qui prêtent plus facilement aux immigrés en Italie. Il répertorie également une série de recherches universitaires sur toutes ces questions.
(1) L'observatoire a été créé en 1997-
(2) L'Union européenne a notamment adopté deux directives en 2000 - Voir ASH n° 2186 du 27-10-00 et n° 2170 du 9-06-00.