Maîtres spécialisés option G chargés des actions à dominante rééducative :telle est la dénomination officielle des « rééducateurs », dont Félix Gentili, inspecteur de l'Education nationale, analyse la position singulière au sein de l'institution scolaire. Ces professionnels se situent dans un inconfortable entre-deux : mi-pédagogues, mi-thérapeutes, ils ont le statut d'enseignants et travaillent dans l'enceinte de l'école, mais ils n'ont pas pour autant mission d'enseigner. Leur intervention commence là où celle de leurs collègues est mise en échec : lorsque l'élève n'apprend plus. Ayant pour fonction d'aider les écoliers en difficulté à aller vers un mieux-être scolaire qui passe par le développement de leur désir d'apprendre et la régulation de leurs comportements, les rééducateurs révèlent, le mal-être de certains enfants dans l'institution.
Questionner la rééducation revient donc à interroger le fonctionnement ou plutôt, les dysfonctionnements de l'école. Celle-ci, apparemment, a du mal à l'accepter, comme en témoignent les critiques dont les professionnels des Réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED) font régulièrement l'objet, notamment de la part de l'inspection générale de l'Education nationale : les problèmes scolaires devraient soit trouver leur solution dans la classe, soit être traités en dehors de l'école.
Tel n'est pas l'avis de Félix Gentili : c'est bien parce qu'ils proposent, au sein même des établissements, un espace spécifique où la détresse de l'élève en difficulté peut être entendue et le dialogue avec sa famille renoué, que les rééducateurs sont en mesure de jouer leur rôle de « passeurs » entre l'enfant et l'institution.
La rééducation contre l'école, tout contre - L'identité professionnelle des rééducateurs en question - Félix Gentili - Ed. érès - 16 €.