On peut être totalement dépendant d'autrui pour les actes de la vie quotidienne et totalement maître de son existence : Marcel Nuss a conquis de haute lutte ce droit à l'autonomie, en ayant la possibilité d'embaucher quatre aidants pour l'accompagner à temps plein (voir ASH n° 2285 du 15-11-02). « Privilégié engagé » militant pour que tous ceux qui le souhaitent puissent, comme lui, rester responsables de leur existence, le fondateur de la Coordination handicap et autonomie défend, ici, sa conception de l'accompagnement. Si l'aidant, explique-t-il, doit avoir à la fois les compétences d'une auxiliaire de vie, d'une aide-soignante et, pour certains actes, d'une infirmière, il lui faut aussi et surtout réussir à entrer dans une relation d'interdépendance avec la personne accompagnée qui implique qu'il fasse abstraction de lui pour être complètement présent à l'autre. « A la première distraction, certains de mes accompagnants oublient ce qu'ils font et le font de travers, donc à mes dépens, voire à mes risques et périls », souligne l'auteur. Comme il le montre à travers maints exemples, l'osmose à laquelle doit parvenir le tandem aidant-aidé pour rendre aussi naturel que faire se peut, ce qui ne l'est pas au départ - « et ne le sera jamais tout à fait, quelle que soit la qualité des personnes en présence » -, requiert, de l'accompagnant, bien plus que de la méthode : un investissement personnel assimilable à un véritable don de soi.
La présence à l'autre. Accompagner les personnes en situation de grande dépendance- Marcel Nuss - Ed. Dunod - 20 €.