Les dépenses de protection sociale représentaient en 2002 plus du quart du produit intérieur brut (PIB) en Europe (28 % en moyenne), selon l'Office européen des statistiques (Eurostat) qui vient de publier une analyse détaillée sur 28 pays européens. Ce chiffre varie du simple au double selon les pays. La Suède est ainsi le pays le plus généreux (32,5 %), suivie immédiatement de la France (avec 30,6 %), à quasi égalité avec l'Allemagne ou le Danemark (30 %). A l'autre bout de l'échelle se situent les pays baltes, l'Irlande et la plupart des pays d'Europe centrale. Contrairement aux idées reçues, le Royaume-Uni y consacre aussi une bonne part de son revenu national (27,6 % du PIB, 6 643 € par habitant). En termes constants, ces dépenses représentent, en moyenne, 5 367 € par habitant (7 331 € en France).
Les dépenses de protection sociale sont en hausse régulière depuis 1999. Mais cette évolution doit être relativisée. Après plusieurs années de baisse (fin des années 1990), elles ne sont en effet pas encore revenues au niveau atteint en 1993 (28,7 %). Cette remontée s'explique, en partie, par la faible croissance économique. Les dépenses de protection sociale sont en effet, selon les experts européens, soit peu sensibles à la conjoncture économique (santé, retraites), soit, au contraire, extra-cycliques (chômage, lutte contre l'exclusion).
Les dépenses de « vieillesse » et « survie » constituent la part prédominante des prestations (46 % en moyenne), suivies du poste « maladie, soins de santé, invalidité » (36 %). Quant aux dépenses liées au chômage, la moyenne de 6,2 % recouvre de fortes disparités (1,3 % en Estonie, 7,1 % en France, 13 %en Espagne). Les dépenses relatives au logement et à la lutte contre l'exclusion sociale sont modestes : 3,5 % en moyenne dans l'Union européenne (4,4 % en France, 6 % au Danemark, 6,4 % au Royaume-Uni, 7 % aux Pays-Bas).
Entre 1998 et 2002, ce sont surtout les dépenses maladie qui « explosent » (+ 4,2 %), suite aux efforts consentis pour faciliter l'accès aux soins (en Suède par exemple) et au vieillissement. L'augmentation des dépenses « vieillesse » est, elle aussi, causée par l'effet du vieillissement, ainsi que par la hausse de la pension moyenne des femmes. A l'inverse, les dépenses liées au chômage tendent à se réduire, sous l'effet conjugué de la baisse (variable) du chômage et, surtout, de la réforme du système d'indemnisation dans nombre de pays, dont la France (limitation de la durée du versement des prestations, restriction des conditions d'accès). Une semblable stagnation est observée pour les dépenses liées au logement ou à l'exclusion sociale.
Un fait notable : la convergence des sources de financement (en moyenne 36,1 % d'origine fiscale et 60,6 % de cotisations sociales, 3,3 % de sources diverses). Ainsi, si de fortes différences sont toujours constatées - les cotisations sociales constituant la principale source de financement dans les pays d'Europe continentale et l'impôt en Europe du Nord -, elles tendent néanmoins à s'estomper. Le financement fiscal s'accroît dans les pays où il était faible - de 21,5 % en 1995 à 30,4% en 2001 par exemple en France - et la part des cotisations sociales augmente dans les pays à contribution publique élevée.