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Les aides au logement pourraient être responsables de la hausse des loyers des ménages modestes en secteur privé

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« Les aides au logement pourraient bien être, pour une bonne partie, responsables de la hausse du loyer au mètre carré des ménages à bas revenus. » C'est en tout cas l'hypothèse soulevée par la chercheure Gabrielle Fack dans une étude publiée en octobre par l'INSEE (1). « D'après les estimations obtenues » à partir de données des enquêtes réalisées par l'institut de 1973 à 2002, entre « 50 % et 80 % des allocations logement » perçues par ces ménages dans le secteur privé auraient ainsi été « absorbées » par les augmentations de leurs loyers sans que cela traduise une forte amélioration de la qualité des logements.

Avant d'en arriver à cette conclusion, l'auteure de l'étude a notamment observé que, si sur la période retenue les loyers au m2 ont tous augmenté plus vite que l'indice des prix, la hausse a été beaucoup plus forte pour les locataires appartenant aux couches les moins riches de la population. Au point qu'en 1996 et 2002, ils payaient un loyer au m2 aussi élevé que ceux des ménages les plus aisés. Elle a également remarqué que la chronologie de l'extension des aides au logement à tous les ménages à faibles revenus - une réforme impulsée au début des années 90 - correspond à celle de la hausse des loyers. Faut-il voir forcément entre les deux phénomènes un lien de cause à effet ?

Sans être catégorique, Gabrielle Fack penche pour l'affirmative. Pour elle, en effet, la hausse de la demande des locataires provoquée par les aides « semble s'être heurtée à une offre de logement trop inélastique de la part des bailleurs, entraînant ainsi une forte hausse des loyers ». Un effet qui, ajoute-t-elle, a pu être renforcé par l'arrivée massive de ménages étudiants sur le secteur privé du marché immobilier à la suite de la réforme de ces aides (2). Au final, la chercheure juge donc plutôt négativement le système des aides personnelles au logement. « La très faible élasticité de l'offre privée de logement réduit fortement la somme utilisable par les ménages à bas revenus, diminuant d'autant l'impact redistributif », regrette-t-elle, ajoutant qu'il serait à cet égard pertinent de se demander quels sont les avantages à lier la redistribution en faveur des ménages à bas revenus à un bien précis comme le logement ( « bien essentiel mais peu élastique » ), par rapport aux « transferts monétaires » tels que le revenu minimum d'insertion ou la prime pour l'emploi, que les ménages peuvent utiliser librement. Une réflexion déjà entamée par la commission animée par le président d'Emmaüs France, Martin Hirsch, dans son rapport rendu public en avril dernier (3). Le groupe de travail y évoquait l'hypothèse d'intégrer les aides au logement dans un « revenu de solidarité active »

Notes

(1)   « Pourquoi les ménages à bas revenus paient-ils des loyers de plus en plus élevés ? » - Gabrielle Fack - Economie et statistiques n° 381-382 (2005) - INSEE - En vente dans les librairies spécialisées et sur www.insee.fr, rubrique « produits et services » - 14,8 €.

(2)  La réforme a en effet bénéficié en premier lieu aux étudiants et a entraîné le départ de certains d'entre eux de chez leurs parents. Et donc la formation de nouveaux ménages.

(3)  Voir ASH n° 2405 du 29-04-05.

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