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Le mouvement associatif veut être reconnu comme interlocuteur sur les politiques de l'emploi

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C'est avec un « sentiment de crise » et de profonde incompréhension du rôle des associations par les pouvoirs publics que la Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA) (1) a présenté, le 7 novembre, ses cinq propositions « pour développer l'emploi dans les associations en tant que facteur de cohésion sociale ». Avec un préalable, rappelé par le groupe de travail qui planche depuis un an sur le sujet :pour une association, l'emploi n'est pas une finalité, mais un moyen au service de son projet et de son ambition collective. Et un corollaire : développer l'emploi dans les associations, ce n'est pas uniquement multiplier les contrats aidés, mais d'abord maintenir les emplois fixes et qualifiés. Ce n'est pas avec des jeunes eux-mêmes en difficulté d'insertion que l'on peut faire du soutien scolaire ou accompagner des personnes âgées dépendantes, remarquent les acteurs de terrain.

Contradiction extravagante

« Or, actuellement, on marche sur la tête », estime Jean-Pierre Worms, président de la Fonda, qui parle aussi de « contradiction extravagante. D'un côté, les pouvoirs publics sont conscients qu'ils ont besoin de la dynamique associative pour créer du lien social et mettre en œuvre le plan de cohésion sociale et, d'autre part, ils refusent aux associations les moyens de travailler. » La CPCA relève ainsi que le ministère de Jean-Louis Borloo met une très forte pression pour que les organisations signent des accords-cadres de recrutement de jeunes en contrats d'avenir tout en coupant dans leurs crédits de fonctionnement (2). « En ce moment, c'est-à-dire en octobre ou en novembre, témoigne Viviane Monnier, membre du conseil de l'Uriopss-Ile-de-France, des associations se voient signifier leur budget 2005 (d'autres l'attendent encore), et découvrent a posteriori que un, quatre ou six postes existants ne sont pas financés ! » La promesse faite par Dominique de Villepin, le 8 novembre, de rétablir 100 millions de crédits aux associations en 2006 (voir ce numéro p. 13) modifie-t-elle la donne ? La CPCA craint « l'effet d'annonce ».

Plus globalement, le mouvement associatif a le sentiment de n'être pas reconnu comme acteur légitime dans le domaine de l'emploi. En témoigne, selon Julien Adda, délégué général de la CPCA, les débats qui ont eu lieu au sein de l'un des trois groupes de travail préparatoires à la conférence nationale de la vie associative (3), où s'est exprimé tout un courant qui considère l'association employeur comme une perversion du droit d'association, qui ne devrait reposer que sur le bénévolat, la générosité, le don de soi... « Pourtant, avec 16 % d'associations employeurs et 1,6 million d'emplois, soit 900 000 équivalents temps plein (dont 47 % dans le sanitaire et social), le secteur associatif représente 5 % du total de l'emploi salarié en France. Soit 30 % de plus que la construction et 50 % de plus que l'hôtellerie-restauration », rappelle Christophe Boyer, chargé de mission emploi à la CPCA. La difficulté même à cerner cette réalité au plan statistique lui semble significative (4).

La CPCA propose donc l'organisation, par le ministère, d'une table ronde sur l'emploi associatif, qui serait l'occasion de reconnaître le secteur associatif comme acteur et interlocuteur pour tout ce qui a trait aux politiques publiques de l'emploi. Elle souhaite aussi une « mise en cohérence » de ces politiques, y compris avec les conseils régionaux lancés dans leurs « emplois tremplins ». Enfin, elle demande une évaluation partagée des différents dispositifs, qui se succèdent ou se surajoutent sans que les leçons en soient tirées, ni en termes d'insertion des publics-cibles ni pour leur impact sur la vie associative.

« Un préalable à tout cela : que les associations continuent d'exister », insiste Jacques Demeuler, président du groupe emploi. Il faut donc sécuriser leur économie par la mise en œuvre généralisée (et la « respectueuse application » ) de conventions pluriannuelles d'objectifs. Et favoriser l'accompagnement des responsables associatifs bénévoles (5) et le soutien aux têtes de réseaux.

Quelle stratégie ?

Autant de demandes déjà formulées à plusieurs reprises à Jean-Louis Borloo et restées à ce jour sans réponse. Ce qui est ressenti comme un « blocage gouvernemental » (6) n'est pas sans provoquer des débats au sein même de la CPCA. Les désaccords sur l'attitude à adopter ont conduit son président, Frédéric Pascal, élu en janvier 2004, à démissionner deux mois avant la fin de son mandat. Son successeur devrait être désigné lors de la prochaine assemblée générale, prévue, sous réserve de confirmation, le 12 janvier.

Notes

(1)  CPCA : 28, place Saint-Georges - 75009 Paris - Tél. 01 40 36 80 10.

(2)  La Fegapei dénonce le même phénomène au niveau des préfets et des directions départementales des affaires sanitaires et sociales.

(3)  Il s'agit du groupe de travail présidé par la députée (UMP) Claude Greff - Voir ASH n° 2412 du 17-06-05 et n° 2414 du 1-07-05.

(4)  La CPCA vient de collecter toutes les informations disponibles dans un numéro spécial de « La Vie associative » consacré à l'emploi associatif - 5 €.

(5)  A l'encontre de ce qui vient d'être fait avec l'amputation des deux tiers des crédits de formation dans le budget 2005. Voir ASH n° 2423 du 30-09-05.

(6)  Aucune date n'est fixée non plus pour la conférence nationale de la vie associative, pourtant promise avant la fin de l'année.

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