La régression de leur pouvoir d'achat et l'alourdissement des charges liées au logement accablent toujours plus les ménages précaires, constate le Secours catholique dans ses Statistiques d'accueil 2004 (1).
L'échantillon de 106 708 situations (personnes ou familles) détaillées sur les 650 000 accueillies par l'organisation caritative en 2004 montre une nette augmentation des demandeurs d'emploi non indemnisés : près de deux chômeurs sur trois sont dans ce cas. En euros constants, le revenu moyen des publics rencontrés est passé de 715 € en 2003 à 705 € en 2004 (soit une baisse de 1,4 % du pouvoir d'achat), tandis que le RMI, lui aussi, a diminué, passant de 383 € à 380 € en euros constants. La proportion des bénéficiaires du RMI, qui, selon Gilbert Lagouanelle, directeur de l'action institutionnelle, n'est plus un « filet de sécurité », est passée de 28,8% en 2002 à 30,6 % en 2004. 58 % des personnes ou ménages déclarent avoir des impayés et 30 %des locataires mentionnent des impayés de loyer.
Le coût du loyer pèse en effet de plus en plus lourd pour les ménages pauvres, et augmente même plus vite pour eux que pour le reste de la population. Entre 1999 et 2004, le loyer moyen des personnes accueillies par le Secours catholique logées dans le parc privé a progressé de 18,5 %, contre 11,3 % pour l'ensemble des locataires dans ce même parc. Dans le parc social, leur loyer a crû de 11,8 %, contre 9,4 % pour l'ensemble de la population.
Si, au cours des dernières années, les aides au logement se sont recentrées sur les ménages les plus modestes, il n'en reste pas moins que 30 % des personnes rencontrées n'en perçoivent pas, parce qu'elles attendent une régularisation de leur dossier ou ignorent leurs droits. Le taux d'effort des publics du Secours catholique a augmenté de 1,2 point après déduction des aides au logement. D'après ses statistiques, l'organisation estime que « si les aides au logement stabilisent bien les taux d'effort à partir d'un niveau de vie d'environ 300 € , en deçà de ce seuil, malgré les aides, la part du loyer dans le revenu augmente très rapidement ». Globalement, le reste à vivre des ménages une fois le loyer payé (net d'aides) est resté à peu près stable, ce qui confirme là encore, compte tenu de l'inflation, une baisse du pouvoir d'achat des ménages les plus pauvres.
En 2004, 72, 5 % des personnes rencontrées habitaient dans un logement stable, précise le Secours catholique, qui ajoute que de nombreuses locations sont toutefois « impropres à l'habitation » ou dégradées. La part de ceux qui résidaient dans un logement précaire a augmenté de 3 % pour atteindre 27,5 %.
(1) « Logement : révélateur d'exclusion » - Statistiques d'accueil 2004 - Secours catholique : 106, rue du Bac - 75007 Paris - Tél. 01 45 49 73 00.