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La mobilité des habitants des zones urbaines sensibles accentue la concentration de personnes fragiles

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« La politique de la ville a déjà une trentaine d'années. Beaucoup d'études et de monographies ont été réalisées, mais il n'y a pas d'évaluation rigoureuse. Nous sommes en train de la bâtir », a estimé Bernadette Malgorn, préfète de la région Bretagne, en présentant, le 24 octobre, le deuxième rapport de l'Observatoire national des zones urbaines sensibles (ZUS), dont elle préside le conseil d'orientation (1). Ce volumineux document rassemble les données disponibles sur les quartiers sensibles et confirme ou renforce les constats réalisés l'an dernier (2). Le taux de chômage (21 %), plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale, augmente encore de un point en 2004, du fait de la baisse des emplois aidés mais surtout de celle des emplois non aidés du secteur marchand. La part des ménages non imposés atteint 57 %, contre 40 % en moyenne nationale. Les faits de délinquance constatés s'élèvent à 68 pour 1 000 habitants, contre 47 ‰ en moyenne en métropole. Les indicateurs scolaires révèlent aussi « la permanence des phénomènes de ségrégation spatiale ».

Deux études apportent de nouveaux éléments à l'analyse. L'une souligne la mobilité résidentielle importante des habitants des ZUS, surtout à partir de 30 ans. Aspect positif : on n'habite pas forcément une zone urbaine sensible à vie. Revers de la médaille : les départs sont souvent le fait de personnes « ayant une trajectoire sociale ascendante ». Comme ils ne sont compensés que pour partie (59 %), ils accentuent le poids des personnes les plus fragiles, des familles immigrées et monoparentales qui, elles, ont tendance à y rester.

Une autre étude, menée par la direction générale des collectivités locales, souligne l'importance des charges qui pèsent sur les communes ayant à gérer des ZUS, mais aussi les inégalités entre ces communes. La cartographie des zones, qui n'a pas été définie au départ sur des critères précis et qui recouvre une grande hétérogénéité de situations, serait d'ailleurs à revoir régulièrement pour mieux cibler les secteurs prioritaires, insiste le rapport.

En recevant officiellement ce document, Catherine Vautrin, ministre déléguée à la cohésion sociale et à la parité, a souligné qu'il donnait une photographie de la situation avant l'intervention du « grand chantier de la rénovation urbaine » lancé en 2004 et du plan de cohésion sociale adopté en 2005. A ses yeux, ils ont « frappé là où il fallait » en favorisant l'indispensable mixité sociale. Elle insiste notamment sur la création des équipes de réussite éducative (3) et sur la réforme de la dotation de solidarité urbaine intervenue en 2005 (4), qui double à terme cette dotation de péréquation et la fait augmenter de 43 % pour 116 communes dès cette année. « Toutes enveloppes confondues, jamais autant d'argent n'a été mis dans la politique de la ville », affirme-t-elle en citant « à la louche » un chiffre d'environ deux milliards d'euros. La ministre aussi souhaite une amélioration des outils d'évaluation, avec des statistiques nationales et locales qui doivent permettre de mesurer l'impact réel des politiques dans les quartiers, à commencer par celui des dispositifs de droit commun. « Au moment de l'entrée en vigueur de la LOLF [la loi organique relative aux lois de finances] , il importe que les systèmes d'information intègrent une dimension territoriale et assurent une traçabilité géographique de la dépense publique », ajoute Bernadette Malgorn. Pour Catherine Vautrin, la question est d'autant plus d'actualité que les contrats de ville arrivent à terme à la fin 2006 et qu'il faut réfléchir à la nouvelle génération qui va leur succéder, peut-être à l'échelle de l'agglomération.

Notes

(1)  Rapport 2005 - Observatoire national des zones urbaines sensibles - Délégation interministérielle à la ville - Disp. sur www.ladocumentationfrancaise.fr.

(2)  Sur le premier rapport, voir ASH n° 2383 du 26-11-04.

(3)  Voir ASH n° 2419 du 2-09-05.

(4)  Au travers de la loi de programmation pour la cohésion sociale (voir ASH n° 2374 du 24-09-04) et de la loi de finances pour 2005 (voir ASH n° 2375 du 1-10-04).

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