La Commission européenne a présenté, le 24 octobre à Luxembourg, un « livre vert » sur la santé mentale (1). Objectif : lancer une consultation publique (2) sur les moyens de promouvoir le bien-être mental dans l'Union européenne. Les réponses reçues permettront à l'institution d'élaborer, en 2006, une proposition de stratégie communautaire sur la santé mentale.
Partant du principe que la santé mentale de la population de l'Union peut être considérablement améliorée, la Commission européenne dresse tout d'abord un état des lieux sans concessions. « Chaque année, plus d'un Européen sur quatre » est touché par une maladie mentale, assure le commissaire européen chargé de la santé, Markos Kyprianou. « La santé mentale est dans l'oubli depuis trop longtemps. Je ne connais aucune autre maladie qui resterait à ce point dans l'ombre si un pourcentage aussi élevé de la population en était frappé. » Et le document de souligner que « l'exclusion sociale et la stigmatisation des malades mentaux, de même que les atteintes aux droits et à la dignité de ces derniers, demeurent une réalité et battent en brèche les valeurs fondamentales européennes ». Quant aux engagements financiers de certains Etats, ils sont, selon cette première évaluation, insuffisants. Avec 5 %seulement de ses dépenses de santé consacrées aux maladies mentales, la France figure dans les plus mauvais élèves, en compagnie de la Lettonie et du Portugal, loin derrière le trio de tête - Luxembourg, Suède et Royaume-Uni -, pays qui consacrent plus de 10 % de leurs dépenses à ce problème.
Le « livre vert » esquisse ensuite plusieurs pistes de solution. Ainsi, il faudrait d'abord améliorer la prévention, que ce soit au niveau de l'enfance, de l'adolescence (soutien scolaire et encadrement), des personnes actives (lutte contre le harcèlement moral ou le stress) ou des personnes âgées (réseaux de soutien social, participation à des activités bénévoles). Il serait également souhaitable, selon le document, de cerner des bonnes pratiques pour favoriser l'insertion sociale et défendre les droits des personnes atteintes de troubles mentaux et de celles frappées d'incapacité mentale. La Commission européenne insiste particulièrement sur la nécessité d'aider les catégories sociales plus vulnérables. « Un faible statut social et économique accroît la vulnérabilité à la mauvaise santé mentale. Les travailleurs immigrés et autres groupes marginalisés sont plus exposés à la mauvaise santé mentale », estime-t-elle. Enfin, le « livre vert » propose d'ajouter aux attributions de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne, qui ouvrira ses portes le 1er janvier 2007, le sort des malades mentaux et des personnes frappées d'incapacité mentale ainsi que la situation dans les établissements psychiatriques.
(1) Pour plus d'informations : http://europa.eu.int/comm/health/ph_determinants/life_style/mental_health_fr.htm.
(2) Les parties intéressées peuvent envoyer leurs commentaires avant le 31 mai 2006 par e-mail (