Lors d'une conférence organisée le 27 octobre à Paris sur le thème « urgence sociale et intervention de crise en Europe », Michel Mercadié, secrétaire général de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS) et vice-président de la Fédération européenne d'associations nationales travaillant avec les sans-abri (Feantsa) (1), devrait poser les bases du débat. Le constat est le même partout en Europe, explique-t-il aux ASH : « L'urgence sociale est un phénomène qui monte. » Et les évolutions sont similaires : « Tous les pays d'Europe sont confrontés à des nouveaux profils qui tranchent avec le standard traditionnel de l'homme célibataire de plus de 40 ans. On retrouve ainsi de plus en plus dans la rue des jeunes, des femmes, des étrangers, traduction d'une évolution de la société. » Une situation qui perdure toute l'année.
Mais « il est très difficile de comparer les statistiques d'un pays à l'autre. La définition du sans-abri est par exemple très stricte en Ecosse, et plus large en France. » Les sources d'information sont multiples : du décompte par les associations au recensement par les collectivités locales ou l'Etat, à partir des usagers dans les centres ou sur estimation. « Ce qui est certain, c'est l'ampleur du phénomène » : 70 000 personnes environ en France, 17 000 personnes recensées en Italie, 14 000 en Autriche, 8 000 personnes à Budapest (Hongrie), etc. Face à de tels développements, tous les pays ont globalement une approche commune. « Même si les réponses ne sont pas simultanément identiques dans tous les pays, elles tendent dans les mêmes directions. Les maraudes, les soins de santé d'urgence sont presque partout reconnus », indique-t-il. Avec souvent un encadrement caritatif complémentaire (soupe populaire, vestiaires...).
Ce qui n'est pas sans poser de questions aux associations, remarque Michel Mercadié. « N'est-ce pas se donner bonne conscience ? N'est-ce pas aussi entretenir la notion d'urgence ? » Les associations protestent également en général, précise-t-il, contre « l'ouverture intempestive, sous la pression de l'opinion publique, de lieux permettant juste une mise à l'abri temporaire. Nous réclamons une vraie politique d'accueil, de jour comme de nuit, hiver comme été. » « Reste le risque d'embolie du système, ajoute le secrétaire général de la FNARS, du fait du manque de logements sociaux ou pour étrangers. » D'où l'importance, conclut-il, « de la prévention et du suivi. L'urgence n'est pas toute seule, elle s'inscrit dans un continuum. »
A noter que la Feantsa devrait produire d'ici quelques semaines un rapport sur le thème de l'urgence sociale.
(1) Feantsa : 194, chaussée de Louvain - B-1210 Bruxelles - Tél. 00 322 538 6669 -