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Médecins du monde témoigne d'un accès aux soins amoindri

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C'est «  un sombre portrait de l'exclusion » que dresse l'association Médecins du monde, qui rend publiques les statistiques 2004 de son Observatoire de l'accès aux soins à l'occasion de la journée du refus de la misère du 17 octobre : ses patients disposent de ressources inférieures au plafond de la couverture maladie universelle (CMU), sont en majorité sans emploi, à 57 % en grande difficulté de logement et vivent seuls pour 41 % d'entre eux.

En 2004, l'organisation humanitaire a réalisé plus de 35 600 consultations dont ont bénéficié près de 18 400 patients différents. Dans près de 25 %, une souffrance psychique a été constatée. Plus de 500 personnes ont déclaré avoir été victimes de violences. Près de 36 % des personnes accueillies à Médecins du monde relèvent de la CMU, 45 % de l'aide médicale de l'Etat (AME) et 19 % n'ont droit à aucune couverture maladie (voir également). Mais dans les faits, «  près de 80 % n'ont pas de droits ouverts lorsqu'ils se présentent à Médecins du monde ».

Des soins urgents s'imposent dans 31 % des recours aux soins tardifs (constatés dans 13 % des premières consultations). L'obstacle à l'accès aux soins est toujours principalement lié aux difficultés financières (42 %), suivi par la méconnaissance des droits et des structures (32 %) et les difficultés administratives (24,5 %). Malgré les missions qui incombent aux centres communaux d'action sociale et le rôle des associations en la matière, 68 % des patients ayant besoin d'une domiciliation pour accéder à la CMU ou à l'AME n'en possèdent pas. «  Les refus de soins de la part de certains professionnels de santé persistent pour les bénéficiaires de l'AME ou de la CMU », souligne par ailleurs l'association. Une enquête téléphonique anonyme réalisée à Marseille en janvier 2005 auprès de 80 médecins généralistes montre que 36 % des demandes n'ont pu aboutir à une prise de rendez-vous.

Médecins du monde revendique de nouveau «  un système permettant un accès aux soins de proximité et de qualité pour les plus pauvres et refusant toute forme de discrimination ». Outre ses inquiétudes sur les restrictions au dispositif de l'AME et sur l'accès des bénéficiaires de la CMU aux soins, elle s'interroge sur les effets de la réforme de l'assurance maladie et la mise en place du « médecin traitant »  : quel sort pour les populations déjà mal acceptées par les professionnels de santé, moins bien informées que les autres et dont l'organisation de vie est instable ?Quelles dispositions pour les consultations réalisées par les associations et les structures de prévention, qui peuvent pour certaines prescrire sans être médecins traitants ?

Médecins du monde demande par ailleurs l'extension des permanences d'accès aux soins de santé à tout le territoire et le respect de l'engagement, pris par l'Etat en juillet 2004, de créer 100 « lits halte soins santé » par an. Depuis le Comité interministériel de lutte contre les exclusions du 6 juillet (1) et la validation d'un cahier des charges avec les associations, la création de ces lits destinés aux sans-domicile convalescents n'a pas avancé, témoigne une responsable de Médecins du monde. Les budgets, néanmoins, devraient être débloqués pour 2006.

Notes

(1)  Voir ASH n° 2367 du 9-07-04.

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