En prélude à la journée mondiale du refus de la misère, qui se tient chaque année le 17 octobre, le Parlement européen devrait adopter, les 12 et 13 octobre, un rapport sur « les femmes et la pauvreté en Europe ». Ce document, rédigé par la présidente slovaque de la commission des droits de la femme et de l'égalité des chances du Parlement européen, Anna Zaborska (chrétien-démocrate), se veut un véritable plan d'action pour l'Union européenne.
Pour les députés, en effet, « la pauvreté se manifeste sous diverses formes » et ne peut donc pas se caractériser uniquement par des revenus insuffisants. Elle peut se manifester par des accès limités ou inexistants à la santé et à l'éducation, un environnement dangereux, une discrimination sociale et l'exclusion. Et un emploi ne constitue pas en lui-même un rempart suffisant contre l'extrême pauvreté, souligne le texte.
Aussi les députés préconisent-ils quatre axes d'action. Tout d'abord, impliquer à tous les niveaux décisionnels des femmes et des représentants de familles socialement exclues. Ensuite, proposer des mesures visant à équilibrer vie professionnelle et vie familiale dans un environnement défavorisé et impliquer la société civile sur cette question. Le rapport suggère également de développer des indicateurs pour différencier l'impact de la pauvreté et de l'exclusion sociale sur les hommes et les femmes. Enfin, les députés demandent aux Etats membres de prendre des mesures ciblées pour assurer aux femmes défavorisées l'accès au logement, à la santé ou à l'éducation et d'adopter des mesures concrètes pour gommer les inégalités salariales et de conditions de travail entre les deux sexes.
Selon les statistiques étudiées par les députés, le risque d'extrême pauvreté est considérablement plus élevé chez les femmes que chez les hommes dans 17 Etats membres. Par ailleurs, une étude menée dans six pays européens montre que l'écart des salaires entre les hommes et les femmes varie en moyenne entre 16 % et 33 %. Et que les femmes chefs de famille perçoivent un salaire inférieur de 9 à 26 % à celui des hommes. C'est la Grande-Bretagne qui arrive en tête avec un écart atteignant 26 %, suivie de la Suède, (14 %), la France (12 %), les Pays-Bas et l'Allemagne (10 %) et l'Italie. En outre, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à accepter de travailler à temps partiel (30 % contre 6,6 %), un choix souvent dicté par le manque de crèches à des coûts abordables.