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Première réunion du CNLE élargi : les associations dans l'expectative

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Si les acteurs de la lutte contre l'ex- clusion l'ont indéniablement apprécié, ils ont toutefois accueilli avec mesure le signe de reconnaissance qu'a constitué la présence de Dominique de Villepin - une première pour un chef du gouvernement - à la réunion du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE) du 16 septembre. « Les pouvoirs publics ont notamment cherché à apaiser le mécontentement qui régnait au sein du CNLE depuis quelques mois », estime Bruno Grouès, chargé de mission à l'Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux (Uniopss) et coordinateur du réseau Alerte. Il accueille également avec prudence l'affichage social du Premier ministre (voir ce numéro)  : « Le coeur de la politique actuelle reste libérale. On sent bien que l'obsession du gouvernement est d'activer les dépenses passives, de faire en sorte que chaque aide serve au retour à l'emploi. »

Le Medef pris au mot

Les associations, qui aborderont avec vigilance cette réflexion « majeure » (selon les termes du Premier ministre) sur le retour au travail des plus précaires, ont salué la présence de Laurence Parisot, numéro un du Medef. Une organisation qui, conviée aux travaux du CNLE depuis la conférence nationale de lutte contre les exclusions de l'été 2004 (1), avait jusqu'ici pratiqué la politique de la chaise vide. Le collectif Alerte a d'ailleurs pris acte de sa volonté de mobiliser l'organisation patronale dans la lutte contre l'exclusion, notamment à travers sa commission ad hoc « Entreprise et société », qui devrait participer au CNLE. Rendez-vous devrait être prochainement pris pour prolonger le travail concrétisé par l'appel conjoint d'Alerte, des syndicats de salariés et du patronat, lancé en mai dernier (2).

Quant aux annonces faites par le Premier ministre, elles laissent les associations dans l'expectative. « Les intentions sont bonnes, mais on ne sait pas si les chiffres annoncés s'ajoutent ou se substituent aux annonces précédentes, notamment au plan de cohésion sociale. En outre, certaines dispositions existent déjà et ne sont pas appliquées », estime Nicole Maestracci, présidente de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS).

Présenté parmi les nouvelles « mesures concrètes », le projet de création d'un « service bancaire universel » suscite, en l'attente de précisions, satisfaction et réserves. Comme l'ont rappelé les banques, piquées au vif par cette annonce, un dispositif permet déjà aux personnes en difficulté de demander la médiation de la Banque de France, à qui il revient de désigner la banque qui leur ouvrira un compte et leur proposera un service de base. Système que l'association UFC-Que choisir juge « complètement étriqué » et inadapté au problème de l'exclusion bancaire. Selon elle, la création d'un service bancaire universel (3) devrait passer par l'obligation pour toutes les banques d'ouvrir un compte et par l'offre d'une gamme de services à «  un prix extrêmement réduit  ». Reine-Claude Mader, secrétaire générale de l'association Consommation logement et cadre de vie, a également plaidé pour un remplacement total du dispositif actuel.

La confusion des chiffres

Autre chantier, déjà annoncé (4) mais rappelé par le Premier ministre devant le CNLE : le logement et l'hébergement d'urgence. Sur ce point, la FNARS n'a pas encore eu de réponse à une lettre ouverte adressée à Dominique de Villepin le 15 septembre, réclamant « des états généraux de l'accueil et de l'hébergement des personnes en difficulté ». « Nous demandons à être de vrais partenaires de la définition des politiques publiques, explique Nicole Maestracci. S'il n'y a pas de constat partagé, nous n'arriverons pas à nous mettre d'accord sur l'état des besoins et les réponses à apporter. » En la matière, l'annonce de 50 millions d'euros destinés à la remise aux normes des structures d'hébergement collectif d'urgence laisse la présidente de la FNARS perplexe : « Nous sommes interrogatifs, alors que nous savons que les 12 millions de rebasage des CHRS préconisés par le rapport des inspections générales des affaires sociales et des finances ne seront pas obtenus pour le budget 2006. »

Même écho à la FNARS Ile-de-France, qui relate les conditions difficiles dans lesquelles les adhérents de son réseau doivent exercer leurs missions. « Sur 26 CHRS parmi nos adhérents, on observe une réduction de 133 800en 2005 par rapport aux budgets accordés en 2004, alors que le besoin supplémentaire est de 112 000 € », s'alarme-t-elle.

M. LB.

Notes

(1)  La présence du Medef et des organisations syndicales au sein du CNLE a été officialisée par un décret du 25 juillet dernier - Voir ASH n° 2418 du 26-08-05.

(2)  Voir ASH n° 2408 du 20-05-05.

(3)  Idée qu'elle avait soumise en mars à Jean-Louis Borloo et à Nelly Olin, alors ministre déléguée à la lutte contre l'exclusion - Voir ASH n° 2400 du 25-03-05.

(4)  Voir ASH n° 2420 du 9-09-05.

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