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Les ZEP n'ont pas amélioré la réussite des élèves, selon une étude de l'INSEE

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C'est à la rentrée 1982 que les premières zones d'éducation prioritaire (ZEP) ont vu le jour. Au départ dans quelques régions et pour une durée de quatre ans... Premier exemple français de discrimination positive, il s'agissait d'orienter des moyens supplémentaires vers des zones marquées par un fort échec scolaire et de permettre aux établissements concernés de mener une pédagogie adaptée à leur public afin qu'il rattrappe son retard. La mesure a été renforcée et étendue en 1989-1990, puis en 1997-1998, jusqu'à toucher un cinquième des élèves des écoles et collèges publics. Sans réelle évaluation.

Pour la première fois semble-t-il, trois chercheurs se sont attachés à dresser un bilan, du moins pour le collège, en suivant tout au long de leur scolarité deux panels d'élèves entrés en sixième en 1980 et en 1989. Ils concluent sur un triple constat d'échec (1).

Selon eux, la masse des dépenses supplémentaires engagées dans les établissements classés en ZEP est « loin d'être négligeable ». Cependant, elle est consacrée à attribuer des primes aux enseignants beaucoup plus qu'à payer des postes et des heures d'enseignement supplémentaires. Cela ne s'est traduit que par une faible et très lente diminution du nombre d'élèves par classe (deux en moyenne).

Le classement des collèges en ZEP a aussi un effet de stigmatisation. Il s'accompagne d'une baisse de leur nombre d'élèves et d'une accentuation de leur homogénéité sociale. Le phénomène d'évitement par les parents se double d'une fuite des enseignants. La « population captive » des jeunes professeurs sortant juste de formation s'accroît, signe d'un turn over important dans les collèges en ZEP. « Les primes ou avantages en termes de promotion ne suffisent pas à stabiliser le personnel enseignant de ces établissements. »

Enfin et surtout, la mise en place des zones d'éducation prioritaire « n'a eu aucun effet significatif sur la réussite des élèves », qu'elle soit mesurée en termes d'accès à la classe de quatrième ou de seconde ou en taux de succès au baccalauréat. « Les ZEP peuvent paraître n'avoir aucun effet, simplement parce qu'elles ont réussi à maintenir les écarts de résultats observés en 1981, alors même que les difficultés des élèves et les conditions de travail des enseignants empiraient », commente un autre chercheur, Marc Gurgand, dans la même publication. Conclusion partagée : toute réforme doit être accompagnée des moyens de son évaluation.

De son côté, sans rejeter l'étude de l'INSEE qui confirme qu'en l'absence de pilotage, « quelques moyens supplémentaires n'apportent pas de changements décisifs », l'Observatoire des zones prioritaires (2) craint qu'elle ne fasse « des dégâts » et amène à conclure : « ça ne marche pas, arrêtons les frais ! ». Pour lui, il y a des ZEP qui réussissent avec une caractéristique commune : « des équipes mobilisées autour d'un projet et en partenariat avec le milieu environnant ». Et puis, il y a « des territoires, peu nombreux (3 à 4% des élèves) où le service public est défaillant », où « l'échec scolaire s'approfondit, l'exclusion sociale se transmet, des ghettos se forment ». L'observatoire demande que ces territoires bénéficient de « mesures beaucoup plus radicales ».

Notes

(1)   « Les zones d'éducation prioritaire. Quels moyens pour quels résultats ? » Roland Bénabou, Francis Kramarz et Corinne Prost - Economie et statistiques n° 380-2004 - INSEE - En vente dans les librairies spécialisées et sur www.insee.fr, rubrique « produits et services » - 7,40 €.

(2)  OZP : 20, rue Henri-Barbusse - 92230 Gennevilliers - Tél. 01 47 33 17 93 - www.association-ozp.net.

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