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Les CEMEA dénoncent le désengagement de l'Etat et la « marchandisation » du social

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Le IXe congrès des Centres d'entraî-nement aux méthodes d'éducation active (CEMEA) (1), qui s'est déroulé du 25 au 29 août à Amiens (Somme), a été l'occasion pour ce mouvement d'éducation nouvelle et d'éducation populaire d'exposer ses principaux sujets de préoccupation. Premier d'entre eux, le désengagement général de l'Etat de la vie associative. « Depuis trois ans, les associations sont beaucoup moins consultées et associées par le gouvernement aux prises de décision », constate Jean-François Magnin, directeur général adjoint du mouvement, qui déplore notamment « le manque de clarté dans la préparation de la conférence nationale de la vie associative », qui doit se réunir d'ici à la fin de l'année. A cela s'ajoute « une baisse très importante » des moyens alloués cette année, puisque les CEMEA se sont vu rogner 20 % de la subvention allouée par le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative et 7 % de celle accordée par le ministère de l'Education nationale.

Une école à deux vitesses ?

Autre sujet d'inquiétude, l'école. « L'ambition d'une école de tous et pour tous semble abandonnée », estime Jean-François Magnin. « On la décharge d'une partie de ses missions, assumées par le ministère en charge des affaires sociales et de la politique de la ville. » Avec le risque de créer une école fréquentée par les élèves « qui vont bien » et, à côté, une école des exclus. Le dispositif de réussite éducative (2) mis en place par le ministère en charge des affaires sociales va pour lui dans ce sens. Quant aux 45 000 « emplois vie scolaire » annoncés par le ministre de l'Education nationale (3), s'ils sont « une bonne chose, pourquoi avoir supprimé les aides-éducateurs pour les recréer aujourd'hui en les précarisant ? ».

Le désengagement de l'Etat se manifeste également à travers la « marchandisation » du social qui s'accompagne du renforcement des calculs de rentabilité, de la mise en concurrence dans le cadre des appels d'offres, de la stigmatisation des usagers. Le mouvement, qui gère quatre écoles d'éducateurs, est notamment très inquiet des conséquences de la décentralisation des formations sociales sur la qualité de ces dernières. « Dans quelle mesure la spécificité pédagogique des CEMEA, basée sur la formation en petits groupes et la participation des étudiants, pourra-t-elle être maintenue dans un marché qui risque de s'ouvrir à la concurrence ? », s'interroge Jean-François Magnin. Ce dernier est également critique sur la validation des acquis de l'expérience (VAE). Non sur le principe, qui « est bon », mais sur sa mise en œuvre « très instrumentale », qui conduit à un découpage en modules de la formation et à une individualisation des parcours. « Nous avons pourtant travaillé à une pédagogie modulaire où l'on garde le côté "groupe" de la formation », explique le directeur général adjoint de l'association.

Enfin, les CEMEA s'inquiètent de l'évolution cognitiviste de la prise en charge en santé mentale. Centrée sur la résorption rapide du symptôme, celle-ci remet en cause le courant désaliéniste et la pédagogie de secteur qui vise à instaurer « une psychiatrie publique dans la ville afin de traiter globalement les maladies mentales », souligne Jean-François Magnin. Lequel regrette les mesures sécuritaires décidées à la suite de plusieurs faits divers survenus dans des établissements en lieu et place d'une véritable politique de santé mentale centrée sur la prise en charge globale des personnes (4).

I.S.

Notes

(1)  CEMEA :24, rue Marc-Seguin - 75 018 Paris - Tél. 06 08 90 86 36.

(2)  Voir ASH n° 2419 du 2-09-05.

(3)  Voir ASH n° 2419 du 2-09-05.

(4)  Voir d'autres réactions, ASH n° 2418 du 26-08-05.

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