Quel est, pour la famille, le prix de revient des différents modes de garde des jeunes enfants et dans quelle mesure pèse-t-il sur le choix des parents ? Deux questions auxquelles répond la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, à partir d'une enquête qui date de la mi-2002 (1).
Rappelons d'abord que 60 % des enfants âgés de quatre mois à deux ans et demi sont gardés principalement par leurs parents. Dans 50 % des cas, l'un d'eux est au foyer, et dans 10 %, ils travaillent tous les deux, mais avec un temps partiel ou des horaires décalés ou encore à domicile. Le coût de la garde est alors chiffré en moyenne à 9 € par mois, du fait des interventions d'appoint.
Parmi les 40 % de bambins gardés dans la journée par d'autres personnes, 17 % sont confiés à une assistante maternelle agréée, 3,5 % à une garde « au noir », 10 % à une crèche, 6 % aux grands-parents, 1 % à un autre membre de la famille et 1 % sont gardés par un salarié à domicile. Le coût moyen de ces formules est de 262 € par mois.
En dépense brute, avant allocations et réductions d'impôt, le recours à une assistante maternelle agréée revient en moyenne à 321 € par mois, soit plus cher que la garde « au noir » (263 €) et que l'inscription en crèche (227 €), le recours aux grands-parents étant gratuit (les frais de nourriture et les couches sont exclus dans tous les cas). Rapporté au nombre d'heures de garde, c'est la crèche qui est la moins chère, avec 1,30 € de l'heure par enfant, devant la garde « au noir » (1,50 €), l'assistante maternelle (2 €) et la garde à domicile (5,40 €).
Cette hiérarchie se modifie si l'on tient compte des allocations et des réductions d'impôt. Le coût net de l'assistante maternelle est alors en moyenne de 1 € de l'heure, de 1,10 € pour la crèche, la garde « au noir » restant à 1,50 €. La garde à domicile est plus onéreuse, dans des proportions qui varient selon qu'elle est partagée ou non entre plusieurs enfants.
Moins les familles sont aisées, moins le budget qu'elles consacrent à la garde est élevé. Cela, du fait des tarifs de crèches modulés selon le revenu, d'une durée de garde plus brève (les parents sont plus souvent au chômage ou à temps partiel) et du choix (bien obligé) de modes de garde moins onéreux. Les familles les moins aisées privilégient plutôt les grands-parents ou la crèche, celle-ci leur revenant moins cher que l'assistante maternelle. Les plus aisées sollicitent moins la famille et recourent davantage à la garde à domicile.
L'offre de garde apparaît aussi comme un facteur déterminant du choix des parents... et du coût des assistantes maternelles. Leurs tarifs montent dans le zones de pénurie et ce, quelles que soient les ressources des demandeurs. Le recours au travail au noir augmente aussi dans les départements moins dotés en places de crèche ou en assistantes maternelles agréées. Faute de mieux.
Le rang dans la fratrie compte aussi : les aînés fréquentent plus la crèche que les cadets, bien que les tarifs soient un peu plus attractifs pour les seconds. Parmi les explications possibles : le fait que, lors de la naissance du deuxième enfant, la famille a souvent dû quitter le centre-ville pour la banlieue, où l'offre de crèches est moins abondante.
Enfin, le choix des parents apparaît également influencé par des facteurs socio-culturels. Ainsi, les familles modestes peuvent plus facilement faire appel aux grands-parents pour des raisons de proximité : leur mobilité géographique est moindre que celle des cadres. Et si elles citent prioritairement des raisons financières quand elles confient leur enfant à la crèche, ce n'est pas le cas des familles plus aisées, qui évoquent d'abord des raisons éducatives.
(1) « Accueil des jeunes enfants et coûts des modes de garde en 2002 » - DREES - Etudes et résultats n° 422 - Août 2005 - Disponible sur sante. gouv. fr.