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« Restons modestes dans les prévisions »

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Avant de prendre en compte les projections sur les besoins en établissements pour personnes âgées dépendantes réalisées par le commissariat du Plan (1), la Fédération hospitalière de France (2) continue de s'interroger sur les données et les méthodes de calcul retenues, explique Mureille Jamot, adjointe au délégué général.
Comment jugez-vous ce groupe de travail et ses résultats ?

Nous nous félicitons de la méthode adoptée, qui a associé les professionnels aux représentants des ministères, des départements, des caisses de sécurité sociale, des chercheurs... Les débats ont été ouverts, et menés avec un souci de rigueur et de pédagogie. Le rapport final a pris en compte certaines de nos remarques ou propositions. Un seul regret :nous avons envoyé, comme on nous le demandait, des contributions écrites que nous avons diffusées à tous les participants, sans que la réciproque soit toujours vraie. Nous aurions aimé connaître les positions ou les suggestions de tous.

Vous formulez pourtant des critiques méthodologiques sur les hypothèses retenues...

Le point de départ est fixé à 406 000 places disponibles en maison de retraite et en unité de soins de longue durée en 2005, ce qui semble faible. Le rapport part du postulat que le nombre de places est actuellement suffisant. Ce qui est faux aux plans quantitatif et qualitatif. Toutes les analyses de la filière gériatrique soulignent qu'elle est souvent encombrée faute de solutions en aval. Une étude de la direction générale de l'action sociale montre aussi que 10 à 15 % des places ne sont pas conformes aux normes de sécurité et une enquête plus récente, menée en Bourgogne, conclut que 30 % du parc est inadapté à l'accueil de personnes dépendantes souffrant de troubles cognitifs (70 %du total des résidents). On pourrait donc aussi estimer que l'offre réelle n'est que de 305 000 pla-ces, sauf politique énergique de rénovation.

Nous aimerions par ailleurs que le nombre de personnes de plus de 60 ans et de moins de 75 ans handicapées ou dépendantes soit chiffré avant d'être écarté... Nous souhaitons également une réflexion plus transversale. Comme le relève le Pr Fardeau, spécialiste des questions de handicap, un logement-foyer devenu inadapté pour une personne âgée dépendante peut s'avérer une bonne solution pour un adulte handicapé.

Quid du scénario qui privilégie le soutien à domicile ?

Il est séduisant et correspond sans aucun doute aux attentes des personnes âgées. Mais il conduit un peu vite à supprimer ou plutôt à ne pas rénover 73 000 places d'hébergement à l'horizon 2015. Pour la FHF en tout cas, il importe de maintenir un nombre suffisant de places habilitées à l'aide sociale et installées de manière équitable sur le territoire. Et cela, grâce à un maintien de l'équilibre de l'offre entre le public et le privé.

Surtout, les projections concernant les personnels semblent peu vraisemblables. En établissement, elles prolongent les taux d'encadrement actuels déjà très insuffisants, même dans les établissements les plus médicalisés, et qui le seront d'autant plus si seules des personnes très fortement dépendantes y sont accueillies. Il faut retenir un taux de 0,8 salarié pour un résident à l'horizon 2015 et de un pour un, comme dans le secteur du handicap, à l'horizon 2030. A domicile aussi les projections souffrent de nombreux biais. D'abord parce qu'elles se fondent sur l'allocation personnalisée d'autonomie, à laquelle les groupes iso-ressources (GIR) 5 et 6 n'ont pas droit. Il faudrait évaluer les heures faites de gré à gré et, au moins, compter trois heures d'aide par semaine pour les GIR 5 et 6. De plus, si l'on escompte, comme aujourd'hui, que la moitié des personnes en GIR 1 et 2 continue de vivre à domicile, il faut augmenter les capacités des services de soins, des accueils de jour ou de nuit et d'hébergement temporaire. Le rapport ne distingue pas suffisamment entre les personnes atteintes de troubles physiques et celles atteintes de troubles cognitifs qui, à un certain stade, nécessitent un accompagnement 24 heures sur 24. Si on l'ignore, c'est le troisième scénario qui s'appliquera, avec une forte augmentation des besoins de places en établissement.

Beaucoup de données sociales ou médicales peuvent évoluer d'ici à 2015 ou 2025...

Oui, à commencer par l'extension que prendra la maladie d'Alzheimer. Un récent colloque de la Société franco-japonaise a fait ressortir l'importance grandissante de la pandémie au Japon, pays qui a une espérance de vie proche de la nôtre. Inversement, si l'on écoute certains gériatres et neurologues, la piste du vaccin aura réglé une bonne partie du problème dans les dix ans. Cela incite à rester modestes dans les prévisions...

Propos recueillis par Marie-Jo Maerel

Notes

(1)  Voir ASH n° 2416 du 15-07-05.

(2)  FHF : 33, avenue d'Italie - 75013 Paris - Tél. 01 44 06 84 44.

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