« "Classes relais" et familles : accompagnement ou normalisation ? », s'interrogent Martine Kherroubi, Mathias Millet et Daniel Thin dans une étude commandée par le Centre national de formation et d'études de la protection judiciaire de la jeunesse (CNFE-PJJ) (1). Examinant les relations entre les dispositifs relais et les familles, les chercheurs soulignent combien les frontières entre les postures d'alliance et de contrôle sont ténues. « Le travail d'accompagnement des familles, comme travail avec les familles, est indissociablement un travail sur les familles au sens où il vise à assister les parents pour qu'ils résolvent leurs problèmes éducatifs d'une façon qui soit conforme aux [...] normes dominantes », affirment les auteurs, n'hésitant pas à qualifier les membres des dispositifs relais de « professionnels de la morale familiale ».
Cette imbrication de la relation d'aide et du « travail de normalisation familiale » rejaillit sur « l'attitude ambivalente » des familles, « caractéristique des dominés à l'égard des institutions », précisent les chercheurs, s'inscrivant dans le courant de sociologie critique de Pierre Bourdieu. En effet, s'ils trouvent, dans la prise en charge, des supports et des ressources pour améliorer les relations familiales et apporter des solutions aux impasses scolaires de leurs enfants, les parents supportent difficilement l'ingérence, plus ou moins importante, des membres des dispositifs relais. La recherche s'intéresse également à la place des éducateurs dans ces derniers. Place qui varie selon la façon dont chaque dispositif a construit l'équilibre entre le pôle scolaire et le pôle éducatif.
(1) Etudes et recherches n° 8 - Editions du CNFE-PJJ : 54, rue de Garches - 92420 Vaucresson - Tél. 01 47 95 98 27 - 10 € (+ 3,81 € de port).