Recevoir la newsletter

L'enfant proie

Article réservé aux abonnés

De cinq mille à six mille enfants sont abusés sexuellement chaque année - dans trois quarts des cas par des familiers. Derrière l'horreur de ces chiffres et l'abomination des actes qu'ils comptabilisent, c'est par la mise à plat de quelques-unes de ces tragédies, ayant toutes fait l'objet d'un examen devant la justice, que Pascal Vivet, président de l'association Enfance majuscule de Seine-et-Marne et, à ce titre, partie civile dans les différents procès relatés dans l'ouvrage, et Samuel Luret, journaliste présent aux audiences, décortiquent les dysfonctionnements du dispositif de protection de l'enfance. A l'instar de l'affaire d'Angers sur laquelle se clôt l'ouvrage (voir ASH n° 2398 du 11-03-05), les drames qui sont ici décrits, de l'acte isolé à la prostitution infantile organisée, constituent autant de tristes cas d'école. Ainsi, malgré tous les spécialistes croisés sur sa route - juges, médecins, travailleurs sociaux, psychologues-, comment expliquer que Tina, 4 ans, ait pu connaître un tel enfer dans sa famille d'accueil ? Reconstituant le calvaire de la fillette, enfin découvert après une ultime hospitalisation, les auteurs pointent les défaillances des institutions chargées du placement et du suivi éducatif de l'enfant. C'est dans le cadre d'un austère pensionnat, que Tarik, 8 ans, sera, lui, régulièrement violé par un éducateur sans réussir à se faire entendre. « Le destin de Tarik, c'est le comble de l'enfance maltraitée, soulignent les auteurs. Il raconte un double crime » : celui de l'acte commis et de sa dénégation par les différents professionnels à qui le jeune garçon s'est confié. Pour autant, aussi détaillés soient les faits rapportés, le récit des agressions vécues par Tarik et Tina, comme de celles qu'ont subies les victimes de réseaux pédophiles, analysées dans la seconde partie de l'ouvrage, ne visent pas tant à désigner tel ou tel à la vindicte populaire qu'à mettre en évidence les failles du système. Le but est évidemment de chercher à y porter remède. A cet effet, retrouvant des préconisations souvent réitérées, les auteurs plaident notamment pour une meilleure formation des différents acteurs sur « l'agir » pervers des agresseurs sexuels et la détection des signes de maltraitance et des situations criminogènes, ainsi que pour l'instauration d'une plus large collégialité. « Juges des enfants, assistantes sociales, éducateurs spécialisés, médecins, psychologues ou encore animateurs socio-culturels : chacun détient une partie du puzzle, mais la mise en commun des pièces n'a que trop rarement lieu », dénoncent-ils.

L'enfant proie. Dysfonctionnements et dérives de la protection de l'enfance - Pascal Vivet, Samuel Luret - Ed. du Seuil - 21 €.

LECTURES du mois

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur