Recevoir la newsletter

Le travail social en débat[s]

Article réservé aux abonnés

Mieux comprendre, pour mieux agir... Voilà sans doute, dans une période de doutes et de remises en cause, une bonne raison pour les professionnels de se plonger dans l'ouvrage, coordonné par Jacques Ion, chercheur au Cresal-CNRS, qui a tenté de rassembler « les savoirs modestes et provisoires » autour du travail social. L'objectif se veut réaliste et mesuré : pas question, en effet, de prétendre établir un (impossible) bilan des connaissances, mais de proposer, à travers la focale de la sociologie, diverses pistes actuelles de questionnements sur ce champ mouvant et aux frontières des plus incertaines. Signe incontestable d'une « réévaluation » du regard de la sociologie sur le travail social, ces analyses sont autant d'interprétations plurielles, discutables, voire contradictoires, sur les évolutions en cours. Elles n'en dessinent pas moins en creux les contours d'une reconfiguration de l'intervention sociale.

Dans un contexte où la synergie Etat providence/travail social semble se défaire et où l'idéal émancipatoire n'est plus de mise, la relation d'aide est bousculée par le processus d'individuation, cette obligation pour l'individu d'être soi. La visée éducative du travail social s'efface au profit de la négociation, de la co-production des réponses avec l'usager, sommé d'être autonome et responsable. Avec le risque, pour les intervenants, soumis à une logique d'efficacité et de résultats, de se laisser enfermer dans « la norme d'intériorité » et de psychologiser les situations...

Faut-il alors souhaiter, comme le défend Robert Castel, un retour de l'Etat, non pas pour recentraliser l'action sociale, mais pour faire de l'intervention sociale l'exercice d'un droit ? Au fil des contributions de sociologues, connus et moins connus, qui relèvent de courants théoriques divers, l'ouvrage croise ainsi les points de vue sur le devenir de l'action publique (l'Etat providence s'effacerait-il au profit de l'Etat service ?), l'avenir des professions sociales - et le « silence assourdissant » sur leur féminisation - et des formations, l'évolution des pratiques (faudrait-il passer du « bon » éducateur au « bon » diplomate ?)... Plus qu'il n'apporte de réponses univoques, il montre l'indétermination qui prévaut quant au devenir des politiques sociales et du travail social. Et invite tout un chacun, face à des horizons aussi nébuleux, à poursuivre le débat et son propre effort de connaissance.

Isabelle Sarazin Le travail social en débat[s] - Sous la direction de Jacques Ion - Ed. La Découverte - 20 €.

LECTURES du mois

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur