Par rapport au répertoire précédent, qui datait de 1993, les pôles éducation-animation et développement ont pris leur autonomie, tandis que le pôle social a été resserré sur ses missions traditionnelles. Sur les onze métiers, ou groupes de métiers, qui y sont décrits, deux sont nouveaux, et d'abord celui d'agent d'accueil social. Chargé de favoriser l'expression de la demande, de l'analyser, d'informer et d'orienter le demandeur, il doit avoir une double compétence en matière d'accueil et d'écoute mais aussi de connaissance des dispositifs et des acteurs de l'action sociale. La reconnaissance de ce métier n'est pas anodine pour les travailleurs sociaux qui se voient, dans certaines collectivités, déchargés du premier contact pour mieux se concentrer sur le cœur de leur mission. Autre apparition : le métier d'agent d'intervention sociale et familiale, qui n'était pas identifié comme tel en 1993.
Pour tous, la description des emplois, des activités et des compétences correspondantes s'est beaucoup enrichie. Et puis, il y a des appellations qui changent : l'assistante familiale remplace l'assistante maternelle permanente, le responsable d'unité territoriale d'action sociale succède au responsable de circonscription. Le métier de responsable de l'aide sociale à l'enfance est distingué en tant que tel, parce qu'il correspond à des tâches et à des compétences particulières et à un cycle de formation professionnalisant au sein du CNFPT. En revanche, tous les métiers « canoniques » d'assistant social, d'éducateur spécialisé ou de conseiller en économie sociale et familiale restent regroupés sous le vocable de « travailleur social ». De même pour le métier, unique, de responsable d'établissement social ou médico-social, qu'il soit en foyer de l'enfance, en maison de retraite ou en CHRS. Mais rappelons que le répertoire est une référence proposée pour la gestion des ressources humaines et le recrutement, ce n'est ni une norme ni un cadre statutaire.
La massification des problèmes d'emploi, l'explosion des situations d'exclusion et d'urgence, les transformations de la cellule familiale, le vieillissement de la population font évoluer en permanence la demande sociale. La décentralisation et la montée en puissance des politiques d'insertion ont aussi bouleversé les cadres d'un champ en pleine recomposition, qui n'est plus seulement celui du travail social mais devient de l'intervention sociale. Une évolution statutaire semble à beaucoup inéluctable, notamment pour sortir les métiers « canoniques », organisés à partir des diplômes d'Etat, de filières nombreuses et trop cloisonnées où les agents plafonnent vite. Mais cela est du domaine de la négociation des partenaires sociaux. L'adaptation suppose aussi une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences et une politique active de formation.
L'offre de formation doit d'abord être plus réactive aux questions d'actualité. Par exemple, en ce moment, elle doit s'intéresser à l'acte II de la décentralisation, au nouveau statut des assistantes familiales, aux nouvelles tâches en matière d'insertion. Elle doit aussi continuer d'aider à la professionnalisation des équipes d'évaluation de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), tout en abordant la nouvelle prestation de compensation du handicap - les délégations régionales devraient au moins proposer des journées d'étude pour dégrossir le sujet. Parallèlement, la formation doit faire avancer six objectifs stratégiques, parmi lesquels la professionnalisation du rapport à l'usager - au moment où tous les textes poussent à les associer à la conception des actions qui les concernent -, la constitution d'une culture commune aux personnels issus de la filière sociale et de la filière administrative, ou encore la professionnalisation de l'encadrement de proximité. Les cadres intermédiaires nous semblent d'ailleurs, avec les acteurs de l'aide à domicile, les deux publics prioritaires. Ces propositions paraissent répondre aux préoccupations partagées et aux demandes du secteur.
Propos recueillis par Marie-Jo Maerel
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