Louable parce qu'il a globalement bien fonctionné, le « dispositif hivernal grand froid 2004-2005 » paraît « en décalage avec la réalité du travail social et de la lutte contre l'exclusion », pointe l'association Emmaüs (1) dans un bilan très critique.
Premier reproche : le dispositif repose sur une augmentation temporaire et mal évaluée des capacités d'accueil, et sur la suspension, pendant les périodes les plus froides, de l'action d'insertion au profit de la seule mise à l'abri. De plus, « le dispositif n'est pas lisible, il est même mal perçu » par les sans-abri comme par les travailleurs sociaux, qui ont du mal à y voir clair dans les différents niveaux d'accueil ou dans les « alternances hebdomadaires nocturnes », système de permanence qui complique l'orientation des usagers.
Emmaüs regrette également l'absence de dialogue avec les pouvoirs publics : « Le pilotage du dispositif à deux ou trois jours, voire à la journée, donc très rapide et efficace en termes de logistique, ne correspond pas au mouvement de plusieurs milliers de personnes dispersées sur tout le territoire de Paris. » Il ressort de ce sombre tableau un système déshumanisé, complexe et « dépourvu de perspective ». Pour y remédier, l'association propose que le dispositif soit annuel et permanent, garantissant la continuité de l'action sociale, et que le « protocole de crise » soit négocié chaque année avec les associations, avant sa mise en œuvre. Plus globalement, elle demande à nouveau « la coordination des associations, des pouvoirs publics et du 115 dans des perspectives de meilleure efficacité et de meilleure lisibilité de la veille sociale ».
(1) Emmaüs : 179 bis, quai de Valmy - 75010 Paris - Tél. 01 46 07 51 51.