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RMI : les obstacles au retour à l'autonomie

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L'accès ou le retour à l'autonomie est l'objectif principal du dispositif du revenu minimum d'insertion (RMI) et l'une des conditions de la sortie du dispositif. Comment les travailleurs sociaux y travaillent-ils et quels sont les obstacles rencontrés ? Pour répondre à ces questions, le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) a mené une enquête en analysant des contrats d'insertion et des programmes départementaux d'insertion d'une part, en exploitant un questionnaire destiné à des bénéficiaires et en interrogeant une soixantaine de travailleurs sociaux d'autre part (1).

Laisser les bénéficiaires construire leur parcours est l'un des principes de l'intervention sociale, rappellent les deux auteurs, Delphine Chauffaut et Elodie David. Dans les faits, la non-directivité totale est parfois difficile à respecter, notent-elles. L'orientation, le travail éducatif, l'accompagnement figurent en effet parmi les méthodes utilisées, l'imposition aussi, même si elle est « rarement revendiquée ».

Contrat réel ou imposé ?

Dans ce contexte, le contrat d'insertion est-il un bon support ? Oui, pour certains travailleurs sociaux, qui valorisent sa dimension éducative, la responsabilité qu'il suppose du bénéficiaire, la sortie d'une logique d'assistance qu'il implique. D'autres sont plus sceptiques et relèvent « le paradoxe consistant à demander à une personne non autonome de s'engager par contrat à le devenir ». D'autres encore soulignent les biais qui peuvent fausser la démarche :la pression qui pousse à signer un fort taux de contrats, au détriment de leur qualité, parfois en l'absence de toute dynamique ou pour valider un parcours plus ou moins imposé, y compris avec la menace d'une suspension de l'allocation...

Certains obstacles objectifs limitent l'acquisition de l'autonomie, au premier rang desquels la situation économique et la persistance d'un fort taux de chômage qui ne laissent que peu de chances aux publics en difficulté de retrouver un emploi. S'y ajoutent la précarité ou l'absence de logement (qui affecte 25 % des allocataires), les difficultés de lecture et d'écriture ou l'illettrisme (30 %), les problèmes de santé (30 %), le manque de mobilité (seuls 40 % des allocataires ont le permis de conduire et une voiture).

Un manque de solutions

D'autres pesanteurs sont liées au fonctionnement des institutions. Les travailleurs sociaux citent l'augmentation du nombre de personnes suivies, la diversification des publics, la logique gestionnaire, le manque de moyens qui conduisent à une moindre présence auprès de chaque bénéficiaire et à un manque de solutions à proposer. La rigidité des catégories établies, la sur-spécialisation des intervenants (pour le logement, la santé, l'emploi...) pèsent aussi, de même que la mauvaise prise en compte des problèmes psychologiques.

Restent les difficultés propres aux bénéficiaires, l'histoire personnelle de chacun et la souffrance qui est souvent une entrave à la construction d'un projet. L'âge élevé, le manque de formation, l'ancienneté dans le RMI sont également appréhendés comme des obstacles, de même que la peur de sortir du dispositif rencontrée chez certains qui « cherchent à se protéger, à prouver leur bonne foi plutôt qu'à construire ».

Les travailleurs sociaux sont encore confrontés à d'autres types de réactions. Par exemple, à celle du « consumériste » pour qui le RMI est un droit, un dû, dans une logique de réparation de l'exclusion. Ou bien à celle de la personne qui se tient en retrait, exécute les prescriptions sans s'y impliquer, sa démotivation étant liée aux échecs antérieurs. Autre cas de figure : le refus ou le déni des problèmes, qui peut être le fait des alcooliques par exemple, ou encore la surestimation de ses capacités.

Pour certains intervenants, les freins principaux sont liés aux bénéficiaires, pour d'autres, ils proviennent surtout de l'environnement. Mais souvent, conclut l'étude, les deux types de problèmes se cumulent.

Notes

(1)  Crédoc - Consommation et modes de vie n° 182 - Mars 2005 - Disponible sur www.credoc.fr.

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