La Commission européenne a présenté, le 16 mars, un Livre vert intitulé « Face aux changements démographiques, une nouvelle solidarité entre générations ». Un véritable document de prospective qui, au-delà de la question démographique, ouvre divers champs de réflexion, notamment en matière de services sociaux à l'enfance et pour les personnes âgées. Pour le commissaire européen Vladimir Spidla, en charge de l'emploi et des affaires sociales, le constat est sans appel. Le faible taux de fertilité - « partout inférieur au seuil de renouvellement des générations » (environ 2,1 enfants par femme) - conjugué avec l'allongement continu de la durée de vie aura pour conséquence la diminution à terme de la population de l'Union européenne (1). Il est donc nécessaire de réfléchir dès maintenant. La Commission européenne lance donc plusieurs pistes de réflexion sous forme de questions posées au public, tout citoyen ou toute organisation européenne étant invitée à apporter son point de vue (2).
Première piste : la conciliation vie familiale/vie professionnelle. Faut-il lier l'octroi de certaines prestations ou avantages (congés parentaux...) à un partage égal entre les deux sexes ? Comment rémunérer de manière adéquate les deux parents participant aux congés parentaux ? Comment stimuler davantage l'offre de structures de garde d'enfants (crèches, écoles maternelles, etc.) et de soins aux personnes âgées, à la fois par les collectivités locales et les entreprises ?
Deuxième thème abordé : l'immigration. Dans quelle mesure l'immigration peut-elle compenser certains effets négatifs du vieillissement démographique ? Quelles politiques doivent être mises en place pour intégrer les migrants, en particulier les jeunes ?
La lutte contre l'exclusion et le développement de la formation figure également dans le Livre vert de la Commission. Comment les politiques communautaires peuvent-elles contribuer à combattre la pauvreté des enfants et des familles monoparentales, à réduire le risque de pauvreté et d'exclusion pour les jeunes ? Comment améliorer la qualité des systèmes de formation ? Quelle peut être la part de l'éducation non formelle et des activités de volontariat ? Quelles solidarités peuvent-elles être développées entre les jeunes et les personnes âgées ?
Autre enjeu : accroître le nombre de personnes au travail. Si la Commission européenne verrait bien l'âge légal de départ à la retraite remplacé par un système de retraite flexible et progressive, elle pose nombre d'autres questions. Comment faciliter l'intégration des jeunes couples dans la vie active ?Comment adapter l'organisation du travail avec moins de jeunes et plus de « travailleurs âgés » dans les entreprises ? Comment développer les activités employant des « seniors » dans le secteur associatif et l'économie sociale ?Comment faciliter la mobilité des retraités dans l'Union européenne ?
Dernier thème exploré : le rôle des services sociaux. Selon la Commission, il n'est pas possible de faire l'impasse sur un renforcement des services sociaux chargés des personnes âgées. Parmi les questions proposées : Comment former le personnel nécessaire et offrir des emplois de qualité, dans un secteur souvent marqué par des salaires et des qualifications peu élevés ? Comment répartir de manière équilibrée la prise en charge du « grand âge » entre familles, services sociaux et institutions ? Comment aider les familles ? Comment soutenir les réseaux de soins de proximité ?
(1) Selon la Commission européenne, la population de l'Union ne devrait croître que faiblement jusqu'en 2025, et encore grâce à l'apport de l'immigration, avant de commencer à décliner : 458 millions d'habitants en 2005, 469, 5 millions en 2025 (+ 2 %), puis 468,7 millions en 2030.
(2) Les contributions peuvent être adressées jusqu'au 1er septembre 2005 par Internet : http://europa.eu.int/yourvoice/consultations/index_fr.htm ou par écrit : Commission européenne - Livre vert « Changements démographiques » - DG EMPL/E/1 - J-27 01/122 - B-1049 Bruxelles.