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Les dépenses de santé sous influences socio-professionnelles et culturelles

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L'âge et le sexe sont les premiers déterminants des dépenses de santé, mais la catégorie sociale a aussi une forte influence sur la consommation de soins (1). Jusqu'à quel point et quels sont les autres facteurs qui interviennent en la matière ? C'est ce qu'a voulu préciser la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) en complétant ses analyses (2).

A âge et sexe équivalents, les dépenses de santé des personnes issues de ménages dont la « personne de référence » est un ouvrier non qualifié sont supérieures de 18 % à la moyenne, alors qu'elles sont inférieures de 9 %pour la catégorie des cadres et des professions intermédiaires. Ces différences s'expliquent sans doute pour partie par l'état de santé des individus concernés, les indicateurs de « risque vital » étant d'autant plus élevés que la catégorie socio-professionnelle est modeste. Mais elles relèvent aussi de types de dépenses différents, les ouvriers non qualifiés ayant beaucoup plus recours à l'hospitalisation tandis que les cadres consomment plus en ambulatoire, notamment en consultations de spécialistes et en soins optiques et dentaires.

Sur ce phénomène désormais connu, la DREES précise que le revenu du ménage n'a qu'une influence négligeable. Plus important : le niveau d'éducation. La surconsommation hospitalière apparaît étroitement liée à l'absence d'éducation secondaire (parfois à l'absence de scolarisation pour les personnes d'origine étrangère) plus qu'au niveau d'études atteint. Ces deux facteurs jouent dans le même sens que la catégorie socio-professionnelle, mais c'est bien cette dernière qui est le déterminant principal en la matière, confirment les statisticiens.

La composition des familles influence aussi le type de consommation : le recours aux soins en ambulatoire a tendance à décroître avec la taille du ménage. Mais ce sont surtout les familles monoparentales qui se distinguent avec des dépenses ambulatoires inférieures de 14 % et des dépenses hospitalières supérieures de 19 % à celles des couples avec enfant.

Enfin, l'existence d'une assurance maladie complémentaire (qui bénéficie à 91 % des assurés) joue également un rôle majeur dans le recours aux soins. Si elle influence peu la fréquentation hospitalière, elle entraîne des dépenses ambulatoires supérieures de 29 %. Cette augmentation porte très peu sur la consommation de médicaments mais beaucoup sur le recours aux spécialistes (+ 40 %).

Au sein de cette population des titulaires d'une complémentaire, les dépenses des bénéficiaires de la CMU complémentaire apparaissent « significativement plus élevées » que la moyenne, réaffirme aussi la DREES (3). Alors que des analyses différentes circulent sur ce point (4), l'étude indique que leur consommation est supérieure de 38 % à celle des personnes sans couverture complémentaire et de 18 % à celle des titulaires d'une complémentaire traditionnelle. Ce surplus de dépenses se concentre surtout sur les médicaments et les honoraires de généralistes.

Des assurés continuent de renoncer à des soins pour des raisons financières, surtout aux soins optiques et dentaires, les plus faiblement remboursés. C'est le cas de 23 % des personnes sans couverture complémentaire, de 10 %des bénéficiaires d'une complémentaire traditionnelle et de 16 % des titulaires de la CMU complémentaire, bien que, pour ces derniers, l'existence même de la CMU ait divisé le risque par trois. Le revenu des ménages joue, cette fois, un rôle prépondérant, mais il n'est pas seul en cause. Le risque de renoncement est majoré de 80 % dans les familles monoparentales et de 60 % chez les chômeurs. Les facteurs culturels sont aussi déterminants. Ainsi, les agriculteurs déclarent deux fois moins souvent que les cadres devoir renoncer à des soins pour des raisons financières. Mais ce sont les ménages dont la personne de référence n'a jamais été scolarisée qui disent y renoncer le moins...

Notes

(1)  Voir ASH n° 2273 du 23-08-02.

(2)   « Les déterminants individuels des dépenses de santé : l'influence de la catégorie sociale et de l'assurance maladie complémentaire » - Etudes et résultats n° 378 - Février 2005 - Disp. sur sante. gouv. fr.

(3)  Voir ASH n° 2276 du 13-09-02.

(4)  En provenance du Credes mais aussi de la DREES. Voir ASH n° 2307 du 18-04-03 et n° 2340 du 2-01-04.

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