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La « Maison Robinson » à Longjumeau a fermé ses portes

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Comment réussir à pérenniser l'innovation ? Faute d'avoir pu répondre à la question, la « Maison Robinson », qui s'était ouverte en septembre 1999 à Longjumeau (Essonne) pour accueillir les 6-13 ans souffrant de solitude et leurs parents, a fermé ses portes en septembre dernier. L'association Intermèdes qui l'a portée est en cours de dissolution et, le 18 mars, une nouvelle association devrait être créée afin, non pas de rouvrir la structure, mais de faire connaître ce type d'intervention éducative et la difficulté pour leurs concepteurs de pérenniser de telles initiatives (voir le courrier)

Imaginée par Laurent Ott, éducateur et enseignant, la « Maison Robinson » visait à renouer les liens entre les enfants et leurs parents, les institutions qu'ils fréquentent et leurs pairs, par une permanence éducative au quotidien dans tous les espaces fréquentés par les enfants. La démarche était fondée sur la gratuité, la libre adhésion des personnes, le mélange des âges et le souci de proposer un engagement dans la durée (1).

Cette structure innovante, qui visait à travailler autrement avec les familles en difficulté mais ne rentrait dans aucun statut défini, a dû interrompre ses activités faute d'avoir réussi à sortir de l'insécurité budgétaire permanente. Financée principalement par le conseil général de l'Essonne et la caisse d'allocations familiales, avec une petite participation du conseil régional, elle parvenait de plus en plus difficilement, une fois épuisées les aides au démarrage, à trouver des partenaires complémentaires pour boucler son budget. «  Il fallait en permanence dépenser une énergie considérable pour chercher de nouveaux financements au détriment de notre action éducative », explique Laurent Ott. Lequel avait démissionné en décembre 2003 de son poste de président de l'association à la suite de difficultés internes liées à des divergences d'option sur l'avenir du projet et la stratégie à adopter par rapport à la situation économique. «  Dans ce type d'expérience, il peut toujours y avoir des différences d'analyse, mais ces désaccords sont aggravés quand on est sans cesse taraudé par la pression de l'urgence et la recherche de financements », précise Laurent Ott. Un nouveau bureau s'était constitué mais, n'ayant pas réussi à sortir de l'ornière budgétaire, il avait démissionné en mai 2004.

Convaincue de la pertinence du projet, Claire-Lise Campion, sénatrice (PS) et conseillère générale, s'est, depuis le début, battue pour que le département maintienne chaque année sa subvention à l'association. Si elle reconnaît que toute démarche d'innovation relève pour ses initiateurs du parcours du combattant, elle estime néanmoins avoir eu du mal, notamment ces dernières années, à obtenir auprès de l'association des comptes rendus précis d'activité pour défendre le projet au sein de son institution. Elle explique même avoir essayé de convaincre la ville de Longjumeau d'être partenaire, sans résultat. «  En matière d'innovation, précise-t-elle, les promoteurs se doivent d'être encore plus convaincants pour obtenir la poursuite des financements ou des subventions supplémentaires. »

Une obligation de transparence accrue qui, si elle est légitime, intervient souvent dans un contexte de grande fragilité propre au statut même de l'innovation. Avec le risque que la seule logique de contrôle ne remette en cause la capacité d'inventer et de construire de nouvelles réponses, que tout le monde pourtant appelle aujourd'hui de ses vœux. Encore faudrait-il que l'innovation ne soit pas seulement portée par ses concepteurs, mais qu'elle soit une responsabilité partagée - et un risque assumé - avec ses financeurs.

I.S.

Notes

(1)  Voir notre reportage sur le sujet, ASH n° 2165 du 5-05-00.

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