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Faire figure d'étranger

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Origine nationale et/ou ethnique, religion, culture, ancienneté de résidence - mais aussi, handicap, orientation sexuelle, genre, âge, position sociale... :quelle que soit la différence érigée en barrière, la machine à catégoriser et à inférioriser constitue un processus général et universel, souligne la sociologue Maryse Tripier dans sa préface. C'est précisément à démonter, en partant du terrain et d'une grande diversité de situations, comment fonctionnent les mécanismes de production des « figures de l'étranger » que contribuent les auteurs de cet ouvrage. Les parcours individuels ou collectifs qui y sont relatés montrent la manière dont les « dominants » ou majoritaires imposent prescriptions et contraintes aux personnes « altérisées », mais aussi la capacité de ces dernières à composer avec ces assignations identitaires pour se jouer des frontières, réelles et symboliques, qui leur sont fixées. Il en est ainsi, par exemple, des emplois-jeunes d'une grande entreprise publique de transports, dont le recrutement s'est fait selon une « logique ethnicisée et sexuée » qu'analyse la sociologue Emmanuelle Lada. Majoritairement embauchés pour assurer des activités d'accueil, de médiation et de prévention, ces agents doivent faire face aux attitudes stigmatisantes de leur milieu de travail, qui sont essentiellement le fait des personnels masculins les plus anciens et les moins qualifiés de l'entreprise. Les intéressés mobilisent, à cet effet, différentes ressources, variant en fonction des circonstances et de leurs interlocuteurs : habillement, langage, distanciation d'avec les autres emplois-jeunes, utilisation tactique de l'ethnicité, notamment. De leur côté, décrivant l'engagement, dans le champ politique et socio-culturel, de deux jeunes femmes « issues de l'immigration », Elise Palomares et Aude Rabaud, socio-anthropologues, mettent en évidence la façon dont ces militantes associatives « s'arrangent » des catégorisations selon le sexe, l'âge et l'origine qui leur sont attribuées par les institutions, pour parvenir à investir l'espace public. Il s'agit ici, comme dans les autres études de cas présentées, de déconstruire les représentations stéréotypées de la réalité sociale, en laissant toute leur place aux acteurs et aux modalités diverses qu'eux-mêmes ont de se dire, se désigner et s'identifier.

Faire figure d'étranger. Regards croisés sur la production de l'altérité - Sous la direction de Claire Cossée, Emmanuelle Lada, Isabelle Rigoni - Ed. Armand Colin - 23 €.

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