« 15 % des jeunes quittent la formation initiale avec un sentiment d'échec et sans une maîtrise convenable des compétences sur lesquelles peut se construire une formation continue. » Dans un rapport rendu public le 9 février (1), le Haut Conseil de l'évaluation de l'école pointe le manque d'efficacité des politiques de « traitement de la difficulté scolaire » menées depuis 30 ans.
Premier constat : les risques d'exclusion sociale et professionnelle des jeunes quittant le système éducatif sans qualification sont particulièrement élevés. Et ce, d'autant plus qu' « en France l'enjeu de la qualification sur l'emploi est plus fort qu'ailleurs ». D'où le souhait des auteurs du rapport que le gouvernement prête une attention particulière à « la question de la certification, par un diplôme reconnu, des compétences des jeunes en fin de scolarité obligatoire » : « actuellement, le système éducatif français se désintéresse du certificat de formation générale, diplôme qui pourrait attester des acquis d'une partie au moins des élèves les plus faibles, les valoriser et leur donner droit à des équivalences reconnues pour poursuivre une formation ultérieure. De même, le brevet n'est pas considéré comme qualifiant pour ceux qui l'obtiennent. »
Le Haut Conseil observe par ailleurs que ces jeunes « appartiennent massivement aux catégories sociales défavorisées et sont souvent victimes de situations de pauvreté et de discrimination ». Aussi estime-t-il que le fort taux d'échec scolaire « ne saurait relever du seul système scolaire » et doit également être apprécié à l'aune « d'autres politiques que la politique éducative ».
Regrettant que la France ne mobilise pas, contrairement à des systèmes éducatifs voisins, la notion d'élèves « à besoins éducatifs particuliers » - sauf pour les élèves handicapés dont elle a, jusqu'à une période récente, « organisé la scolarité quasi uniquement dans des structures spécialisées » -, le document recommande, en matière d'organisation scolaire, de « diversifier pour promouvoir et non pour éliminer » , c'est-à-dire d'adapter le soutien et l'aide aux élèves en fonction des difficultés qu'ils rencontrent. Ce qui suppose notamment de « développer de véritables plans éducatifs individuels » et de « diversifier les points d'appui des apprentissages » , explique le Haut Conseil.
Le rapport déplore enfin que les nombreux dispositifs mis en place pour endiguer l'échec scolaire aient été « accumulés et juxtaposés les uns aux autres sans être véritablement pensés en référence à une conception d'ensemble de la scolarité obligatoire et à une définition claire de ses objectifs ». Ces objectifs, estiment les auteurs, doivent être « clairement affichés », afin d'en « évaluer l'atteinte et d'organiser la complémentarité des acteurs - notamment les enseignants - qui doivent recevoir l'information et la formation nécessaires ».
(1) Le traitement de la grande difficulté scolaire au collège et à la fin de la scolarité - Disponible sur http://cisad. adc. education. fr/hcee (rubrique « publications » ).