« Il ne faut pas se contenter d'auditionner l'enfant, mais il faut l'entendre et resituer sa parole dans son environnement », ont souligné le 16 février Claire Brisset, la défenseure des enfants, et Jean-Pierre Rosenczveig, président de Défense des enfants International (DEI) -France (1), dans la perspective de l'ouverture, le 3 mars, d'un procès pour une vaste affaire de pédophilie à Angers. Saluant les propositions du « rapport Viout » (voir ce numéro), ils ont rappelé que, malgré les dispositions juridiques existantes, la parole de l'enfant n'est pas suffisamment soutenue ou accompagnée par un parent ou, s'il fait défaut, par un psychologue ou une association, ni organisée par un administrateur ad hoc. « Nous en sommes au néolithique de la prise en compte des victimes de violence, a estimé Jean-Pierre Rosenczveig. Il faut désormais passer à la professionnalisation des acteurs, en dépassant les blocages intellectuels. » Une professionnalisation d'autant plus impérative, a précisé Claire Brisset, que les enfants ont, sans vouloir tronquer la vérité, une tendance naturelle à épouser le sens induit par les questions de l'interrogateur. « Les dispositions sur l'enregistrement audiovisuel des audiences sont très peu appliquées, a-t-elle ajouté. Quand une bande vidéo existe, elle n'est utilisée que par 7 à 10 % des magistrats. »
Les deux représentants de la défense des enfants ont également insisté sur le rôle plus important qui devrait être accordé au juge des enfants lors des procédures pénales. « Encore faut-il disposer d'équipes en nombre suffisant, a commenté le président de DEI-France. Les moyens de la justice des mineurs sont trop orientés vers la délinquance, au détriment de la protection des victimes. »
(1) Défenseure des enfants : 104, boulevard Blanqui - 75013 Paris - Tél. 01 53 63 58 51 ; DEI-France : 21, rue Hoche - 93500 Pantin - Tél. 06 85 84 94 54.