Réunie au sein d'une coordination baptisée « Droit d'asile en danger », comprenant le syndicat SUD Asile (1) et des avocats, une partie du personnel de la Commission des recours des réfugiés (CRR) dénonce la précarité de ses moyens pour « répondre à l'objectif qui vise au déstockage de 100 000 dossiers en souffrance dans un délai d'une année ». En cause, selon elle : des « impératifs de productivité préjudiciables à un traitement équitable de la demande d'asile », qui découlent de la réforme du droit d'asile de 2003.
Pour faire face à l'afflux des demandes de réexamen par les personnes déboutées (+ 210 %au cours des neuf premiers mois de l'année 2004) et réduire les délais de traitement, 125 postes d'agents contractuels ont été pourvus à la CRR sur 2004-2005 et l'instance a déménagé dans un nouvel immeuble en octobre. Or, déplore la coordination, depuis ce changement de locaux, « les demandeurs sont accueillis dans des conditions inacceptables » : manque d'outils d'information, places assises limitées, confidentialité des entretiens qui n'est plus garantie. « Alors qu'ils sont souvent plus d'une trentaine, les interprètes ne disposent que d'un hall aménagé sommairement avec des paravents pour toute séparation. »
Le syndicat SUD Asile de la section de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) soutient le mouvement : « Il faut traiter plus de dossiers, plus vite, avec des personnels recrutés sous contrat précaire, formés dans la précipitation », s'insurge-t-il. Malgré une augmentation du budget consacré à l'OFPRA, le gouvernement a engagé « un dispositif dissuasif qui ne tient pas compte des besoins de protection exprimés par les demandeurs d'asile », renchérit la Coordination française pour le droit d'asile.
Reçue, le 8 février, au Quai d'Orsay après 13 jours de grève, qui ont entraîné le renvoi de plusieurs centaines de dossiers suite à des annulations de séance par des rapporteurs ou des avocats, la coordination « Droit d'asile en danger » a obtenu « des promesses de réorganisation » de la commission. Même si elle reste sur sa faim, elle suspend la grève et reste vigilante dans l'attente de négociations.
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