A une écrasante majorité, les bénéfi- ciaires de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) plébiscitent le dispositif. 87 % jugent les démarches de demande plutôt simples, 65 % estiment le délai d'obtention plutôt rapide, 85 % n'ont pas rencontré de difficulté pour trouver le personnel nécessaire. Enfin, dans 95 % des cas, le service reçu leur convient. Un bémol : ils sont « seulement » 59 % à estimer le montant de l'aide suffisant.
C'est du moins ce qui ressort d'une enquête de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) (1), qu'il convient peut-être de relativiser. D'abord, parce que, « dans ce type d'enquête, les taux de satisfaction exprimés sont toujours très élevés », comme le souligne la DREES elle-même. Ensuite, parce que les entretiens avec les personnes âgées et leurs proches ont été réalisés au cours du premier trimestre 2003, dans une période qui était encore celle de la montée en charge du dispositif (2), et juste avant un changement de réglementation qui a réduit les droits des intéressés (3). Bref, il est bien dommage que la DREES n'ait pas exploité plus tôt le volet qualitatif de cette enquête (4), qu'il serait utile d'actualiser. Il est néanmoins intéressant d'y regarder de plus près.
A l'époque, 15 % des bénéficiaires disent avoir rencontré des difficultés pour trouver un intervenant à domicile. C'est plus souvent le cas pour les personnes cherchant à employer directement un salarié de gré à gré (27 %) que pour celles qui ont fait appel à un service prestataire (10 %) ou mandataire (12%). Il apparaît aussi que les services prestataires sont plus sollicités par les personnes les moins mal portantes (classées en GIR 4), alors que l'emploi direct croît à mesure que s'élève le niveau de dépendance. Ce qui fait que les personnes en GIR 1 ont deux fois plus de difficulté à trouver un intervenant que celles qui sont classées en GIR 4 (21 % contre 12 %). Le déficit local de l'offre est aussi la première raison avancée par les personnes globalement insatisfaites du système.
La deuxième critique, émise par 37 % des bénéficiaires, porte sur l'insuffisance du nombre d'heures d'aide attribué. Les deux tiers des mécontents doivent d'ailleurs recourir à une aide complémentaire. La moitié des allocataires aimeraient aussi bénéficier d'au moins une aide technique ou d'un aménagement de leur logement. Un aspect abordé par seulement 24 % des plans d'aide et qui ne représente que 8 % de leur montant. Les besoins exprimés portent surtout sur l'aide à l'hygiène corporelle (siège intégré à la baignoire ou à la douche par exemple) ou sur les dispositifs qui facilitent la circulation entre les pièces du logement.
Une dernière contestation émerge à propos du ticket modérateur. Son principe est « largement accepté », mais son montant est jugé trop élevé par 36 % de ceux qui doivent l'acquitter (contre 44 % qui l'estiment adapté). Un quart des personnes concernées disent aussi avoir des difficultés à le payer. Et cela, juste avant que le gouvernement édicte des mesures pour augmenter le nombre des contributeurs et le montant de leur participation.
Un grand point de satisfaction cependant : 56 % des allocataires affirment que l'APA leur a permis de retrouver une certaine autonomie (contre 43 % qui trouvent que cela n'a rien changé). Ce sont logiquement les moins dépendants qui expriment le plus souvent ce sentiment, ce sont eux aussi qui sont les plus demandeurs d'aides techniques ou d'aménagements susceptibles d'améliorer leur liberté de mouvements. Si ce point était confirmé par les nouvelles enquêtes, ses créateurs pourraient estimer que l'allocation personnalisée d'autonomie, malgré ses imperfections, a bien touché sa cible et mérite son nom.
(1) DREES - Etudes et résultats n° 371 - Janvier 2005 - Disponible sur
(2) On dénombrait 605 000 bénéficiaires au 31 décembre 2002 et 670 000 au 30 mars 2003, contre 837 000 au 30 septembre 2004.
(3) Le date d'ouverture des droits a été retardée et le montant du ticket modérateur augmenté - Voir ASH n° 2305 du 4-04-03.
(4) Un premier dépouillement portant sur le contenu des plans d'aide est sorti en février 2004 - Voir ASH n° 2351 du 19-03-04.