A lire le « rapport sur l'emploi en 2004-2005 », que devait également rendre public la Commission européenne le 27 janvier, difficile d'être optimiste. Sous un couvert policé, ce rapport dresse en toile de fond l'échec de la stratégie sur l'emploi et surtout des objectifs fixés en 2000 à Lisbonne par les chefs d'Etat et de gouvernement (1). Ce qui rejoint un constat dressé en 2003 par la « task-force emploi » présidée par Wim Kok (2).
Ainsi l'objectif du plein emploi - taux de 70 % d'emploi - est en passe d'être « manqué ». Avec un taux d'emploi d'à peine 63 %, il manque à l'Europe élargie 25 millions d'emplois, énoncent les spécialistes de la question à la Commission européenne. Et tous les autres indicateurs sont dans le rouge. Malgré l'effort de certains Etats, le chômage de longue durée a augmenté pour atteindre 4 % de l'emploi. Constat identique pour le chômage des jeunes qui reste à un taux important dans plusieurs pays (Espagne, Finlande ou Pologne) et qui est même reparti à la hausse dans d'autres (Belgique, Pays-Bas, Danemark...). La détérioration de cette situation est encore plus marquée pour les personnes sans formation, immigrées ou de minorités ethniques, handicapées...
En outre, la productivité au travail reste faible au regard de celle des Etats-Unis (3). Avec l'élargissement à dix nouveaux Etats membres, les disparités régionales restent substantielles, un européen sur quatre vivant dans les régions les plus pauvres. Seule consolation, le taux d'emploi des femmes continue de s'améliorer, pour 2003, même si les progrès restent lents.
(1) Voir ASH n° 2160 du 31-03-00.
(2) Voir ASH n° 2336 du 5-12-03.
(3) A noter que la France se situe dans le peloton de tête en compagnie du Danemark, de la Finlande et des Pays-Bas.