Recevoir la newsletter

Psychiatrie : usagers et professionnels dénoncent les failles profondes du dispositif

Article réservé aux abonnés

Les inquiétudes ne sont pas retombées après le double meurtre qui a frappé l'hôpital de Pau le 18 décembre. A leur tour, la Fédération nationale des associations d' (ex) patients psy (FNAP-Psy), l'Union nationale des amis et familles de malades mentaux (Unafam) (1) et la Conférence des présidents des commissions médicales des centres hospitaliers spécialisés appellent « impatiemment » un plan de santé mentale à « la mesure des enjeux » et auquel elles seraient « étroitement associées » (2).

Les trois organisations disent « oui » au moratoire sur la fermeture des lits annoncé par le ministre, si c'est « une étape pour déployer rapidement une véritable politique de secteur ». Mais elles disent « non, si c'est une solution sécuritaire qui ne manquerait pas de ramener à des pratiques asilaires ». Dénonçant les « failles profondes dans la chaîne de prise en charge », elles rappellent le « manque de soins ambulatoires et d'accompagnement en amont qui embolise les hôpitaux » et les « insuffisances des structures d'hébergement et d'accompagnement en aval ». Elles déplorent également que l'hospitalisation ne soit pas toujours synonyme de « soins intensifs », assurés par du « personnel très qualifié et en nombre suffisant [...] dans la sérénité et la dignité nécessaires ».

De son côté, la Fédération hospitalière de France (3) juge « inconcevable et indécent » « l'amalgame fâcheux » qui, à l'occasion de l'envoi d'une mission de l'inspection générale des affaires sociales - dont « le principe n'est pas critiquable » -, laisse à penser que « d'éventuelles insuffisances de gestion seraient à l'origine des homicides ». Pour la FHF, « les gestionnaires hospitaliers ne sauraient être tenus pour responsables d'une politique budgétaire » qui oblige à supprimer des lits ou à comprimer les effectifs. Même réaction de la Fédération de la santé et de l'action sociale CGT (4), qui souligne la « situation budgétaire tendue » qui était celle de l'établissement, où un contrat de « retour à l'équilibre » prévoyait la suppression de 54 postes, dont 32 soignants. Pour elle, la solution ne réside pas dans les investigations et les solutions uniquement sécuritaires (5). « Ce drame met en lumière » la situation plus globale du secteur hospitalier où 54 % des établissements sont aujourd'hui en déficit budgétaire et où un établissement sur deux prépare un plan d'économies. « Le ministre ne peut pas considérer qu'un directeur sur deux est un mauvais gestionnaire », sauf à « vouloir chercher des lampistes ». L'organisation syndicale demande donc l'extension du moratoire aux suppressions de postes.

L'intersyndicale de défense de la psychiatrie publique, qui lançait son énième cri d'alarme le 18 novembre dernier (6), appelle à une journée de grève le 20 janvier. Le Syndicat des psychiatres des hôpitaux et le Comité d'action syndical pour la psychiatrie se joignent au mot d'ordre d'une « journée d'action et de mobilisation » à la même date.

Notes

(1)  FNAP-Psy : 3, rue Evariste-Galois - 75020 Paris - Tél. 01 43 64 85 42 - Unafam : 12, villa Compoint - 75017 Paris - Tél. 01 53 06 30 43.

(2)  Sur les premières réactions, voir ASH n° 2387 du 24-12-04.

(3)  FHF : 33, avenue d'Italie - 75013 Paris - Tél. 01 44 06 84 44.

(4)  FSAS-CGT : case 538 - 93515 Montreuil cedex - Tél. 01 48 18 20 99.

(5)  Philippe Douste-Blazy a annoncé, le 28 décembre, un « financement exceptionnel immédiat de 300 000 €» pour l'hôpital de Pau. Des crédits notamment destinés à l'acquisition d'appareils de téléalarme et à l'embauche de vigiles...

(6)  Voir ASH n° 2383 du 26-11-04.

LE SOCIAL EN ACTION

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur