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Le drame de Pau relance le débat sur la crise de la psychiatrie

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Il aura fallu attendre le double assassi- nat, intervenu le 18 décembre à l'hôpital de Pau, pour que ressurgisse sur la scène politique, et médiatique, le problème de la crise de la psychiatrie publique. Sans attendre les conclusions de l'enquête de police, le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, a demandé, le lendemain même du drame, à l'issue d'une réunion de crise avec les syndicats du secteur, un « moratoire immédiat » sur la fermeture des lits en hôpital psychiatrique et l'extension des horaires d'ouverture des centres médico-psychologiques. Il a également annoncé la présentation de son plan de santé mentale (1), qui serait doté de 200 millions d'euros, pour la première quinzaine du mois de février. Les services d'urgence et certains services psychiatriques devraient aussi, selon le ministre, être reliés directement au commissariat de leur commune. Jacques Chirac a lui-même souhaité, le 20 décembre en conseil des ministres, « de profondes évolutions de notre système psychiatrique ».

Un malaise dénoncé depuis longtemps

Mais ces déclarations n'ont pas apaisé la colère des professionnels, qui tentent d'avoir une écoute politique à la crise du secteur qui existe depuis près de 20 ans, quand a commencé son mouvement de restructuration. Selon le Syndicat des psychiatres d'exercice public (SPEP), la psychiatrie hospitalière aura subi une baisse de 41 % de ses effectifs d'ici à 2020. Et sur les quelque 3 300 postes actuellement budgétés, 700 à 800 sont vacants. D'après une étude de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, le nombre de lits a chuté de 43 % en 11 ans pour passer à 65 000 aujourd'hui. « L'arrêt de la fermeture de lits ne suffit évidemment pas. Bien des structures alternatives manquent encore, mais c'est surtout en accordant les ratios de personnel indispensable que l'on retrouvera des soins de qualité », protestent dans un communiqué commun le Syndicat des psychiatres français et l'Association française de psychiatrie. « De très nombreux malades sans prise en charge errent dans la rue, les gares, sont jetés en prison et l'on est obligé de "faire une place" à l'aide d'une hospitalisation à la demande d'un tiers », ajoutent-ils. Devant la gravité du drame et la médiatisation qui s'est ensuivie, la Fédération hospitalière de France pointe, à juste titre, un risque de dérive. Selon elle, ce double homicide « ne saurait en aucun cas justifier le retour à une politique sécuritaire de la psychiatrie alors même que cette discipline a su évoluer depuis 30 ans en diversifiant considérablement ses modes d'intervention ». « La sécurité de tous passera par des moyens humains », précise l'UFAS-CGT.

De crainte de voir leurs revendications sacrifiées sur l'autel de la précipitation, les syndicats rappellent leurs exigences : un plan d'urgence concret et budgété, qui porterait aussi sur l'emploi, la formation, la revalorisation de la profession et le développement des alternatives à l'hospitalisation. Au mois de novembre dernier, l'Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique déposait au ministère de la Santé une motion appelant à « un plan concerté d'urgence », économique et statutaire (2). Elle maintient sa journée d'action programmée le 20 janvier et attend d'être consultée sur la préparation du plan de santé mentale annoncé.

Notes

(1)  Voir ASH n° 2382 du 19-11-04.

(2)  Voir ASH n° 2383 du 26-11-04.

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