Il figurait parmi les six personnalités choisies par Dominique de Villepin pour plancher sur les nouveaux « chantiers » du ministère de l'Intérieur (1) et était plus spécifiquement chargé de faire des propositions pour aider les jeunes issus de l'immigration visible à prendre l'ascenseur social. Après quatre mois de travaux, l'écrivain et sociologue Azouz Begag a, le 14 décembre, rendu au ministre un rapport dans lequel l'essentiel de ses suggestions visent à améliorer la représentativité de cette population au sein des métiers de la police, de la gendarmerie et des pompiers (2).
Ecartant d'emblée toute idée de discrimination positive, le sociologue préfère s'attacher à « l'idée "d'aller chercher" les candidats potentiels ». Il recommande, dans cet esprit, le lancement de campagnes de recrutement ciblées sur les jeunes issus des différentes vagues migratoires. Il propose également qu'un « directeur de l'égalité des chances » , rattaché au ministère de l'Intérieur, soit chargé de recueillir toutes les statistiques nécessaires pour compter les évolutions dans les stages, les recrutements et promotions des agents issus de l'immigration. Les informations, qui « ne [pourraient] jamais servir une quelconque politique de discrimination positive ou négative », seraient livrées par les agents eux-mêmes, sur la base du volontariat, et permettraient de quantifier les progrès. Pour « casser » la mauvaise image des forces de l'ordre, il suggère par ailleurs la création, dans les quartiers sensibles, de brigades anti-discriminations ( « BAD » ). Composée d'agents volontaires, ces équipes seraient chargées de répondre dans des délais très rapides à un constat de discrimination avérée - par exemple à l'entrée des discothèques - et d'en dresser le constat pour la justice. Plus globalement, Azouz Begag propose qu'il soit recommandé officiellement aux ministres et aux représentants de l'Etat de ne plus utiliser le terme d' « intégration » pour parler des enfants issus de l'immigration qui, nés en France, ne devraient pas avoir à trouver leur place au sein de la société. Et de lui substituer celui de promotion de l'égalité des chances ( « PEC » ).
Enfin, le sociologue réclame l'abrogation de la disposition de la loi Sarkozy sur la sécurité intérieure du 18 mars 2003 relative à l'interdiction de stationner dans les halls d'immeubles (3), une mesure qu'il juge « inopérante et inutile ». Sa disparition serait, selon lui, un signe fort en direction des jeunes des quartiers qui ont pu se sentir directement visés par le nouveau délit. Prudent, Dominique de Villepin a fait savoir que, sur cette question, il avait demandé une analyse de l'application de la loi et qu'il préférait finalement attendre ses résultats avant de décider quoi que ce soit. D'ailleurs, bien que jugeant le rapport d'Azouz Begag « courageux, riche et innovant », il ne semble pas décidé à retenir les idées de ce dernier.
(1) Voir ASH n° 2366 du 2-07-04.
(2) La République à ciel ouvert - Rapport disponible sur le site
(3) Voir ASH n° 2303 du 21-03-03.