« La reconnaissance de la réduction des risques dans la loi de santé publique du 9 août 2004 ouvre autant de questions qu'elle en clôt. » C'est la conclusion d'une étude publiée par le Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip) sur la politique de prévention auprès des usagers de drogues (1), qui vient compléter l'approche sociologique et plus générale d'un rapport déjà consacré aux acteurs de ce champ professionnel (2).
Pour les deux auteures, Marie-Danièle Barré et Patricia Bénec'h-Le Roux, cette reconnaissance législative n'occulte pas les normes auxquelles la réduction des risques continue de se heurter : la norme pénale d'une part, qui s'inscrit dans une logique « prohibitionniste », la norme sanitaire d'autre part, « sous-tendue par l'objectif d'abstinence », et enfin la norme sociale, qui « transparaît notamment à travers la persistance de tabous concernant les usages de drogues, leurs modalités et les maladies qui y sont liées ».
Au final, pour les acteurs de la réduction des risques, la question « du contenu du mandat reste très complexe ». Mais cette ambiguïté offre également une marge de manœuvre qui permet d' « innover pour répondre à des situations toujours en évolution ». Son ambivalence et sa précarité, malgré sa reconnaissance législative, continuent de faire de la réduction des risques « un espace ouvert à la négociation » et une « politique en tension ».
(1) « La politique de prévention auprès des usagers de drogues : des normes en tension » - Questions pénales - Décembre 2004 - Cesdip : Immeuble Edison - 43, boulevard Vauban - 78280 Guyancourt - Tél. 01 34 52 17 00 - Etude téléchargeable sur
(2) Voir ASH n° 2376 du 8-10-04.