Selon une étude de l'Institut de veille sanitaire (InVS) (1) rendue publique lors des états généraux des personnes touchées par le VIH/sida, organisés le 26 novembre par l'association Aides, « le nombre de nouveaux diagnostics [VIH] est estimé à 6 000 cas en 2003, dont 2 000 auraient été infectés depuis moins de six mois ». Le ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille, Philippe Douste-Blazy a profité de cette rencontre pour présenter un nouveau programme national de lutte contre le VIH/sida pour 2005-2008 soumis à la concertation des différents acteurs (2). La veille, après avoir reçu les principaux acteurs de la lutte contre le sida en France, le Premier ministre avait en outre déclaré le combat contre cette maladie « grande cause nationale » pour l'année 2005 (voir la réaction des associations dans ce numéro).
Tout comme le précédent plan interministériel 2002-2004 (3), le nouveau programme national de lutte contre le VIH/sida prévoit des actions de prévention dirigées vers la population générale, les personnes atteintes et les « populations prioritaires » :les homosexuels, les migrants (4) - notamment ceux originaires d'Afrique subsaharienne, du Maghreb et de Haïti -, les personnes prostituées, les handicapés et les malades mentaux accueillis en établissements. Selon l'InVS, l'épidémie reste active chez les homosexuels masculins, qui représentent 22 % des nouveaux diagnostics en 2003-2004, un homosexuel sur deux s'étant contaminé dans les six derniers mois. Et les femmes, majoritairement d'Afrique subsaharienne, représentent presque la moitié des nouveaux diagnostics sur cette même période. Les usagers de drogues, en revanche, constituent désormais une faible proportion des personnes contaminées, relève l'institut.
Pour les plus défavorisés, le ministre de la Santé a rappelé qu'il existait des permanences d'accueil et de soutien assurées par des associations dans plus de 70 départements. Et a annoncé qu' « en 2005, le nombre de places d'appartements de coordination thérapeutique sera augmenté de 25 %, soit 150 places supplémentaires ». Plus généralement, s'agissant du suivi thérapeutique, des objectifs visant à améliorer la prise en charge précoce et la qualité de celle-ci ont été fixés. Il s'agira notamment de prendre en compte les problèmes spécifiques aux enfants, aux adolescents séropositifs et aux femmes.
Un autre volet du programme traite de la solidarité envers les personnes atteintes. Il repose sur la lutte contre les discriminations - notamment en Guyane et aux Antilles et pour les personnes migrantes - et le maintien dans l'emploi et l'insertion professionnelle, sans autre précision.
S'agissant du budget alloué à ce programme, Philippe Douste-Blazy a précisé que les 64 millions d'euros de crédits consacrés à la lutte contre le sida en 2003 seront « maintenus pendant toute la durée du programme » (5). Programme dont le suivi sera assuré par un comité national regroupant les principaux partenaires et qui se réunira une fois par an. Des groupes thématiques, auxquels les associations seront conviées au même titre que les services déconcentrés, alimenteront ses travaux.
Enfin, le nouveau programme de lutte s'accompagnera d' « un dispositif de communication » (spots télévisés, films visant les jeunes célibataires, les homosexuels et les personnes originaires d'Afrique subsaharienne, plaquettes, site Internet...).
(1) Etude disponible sur le site
(2) Rappelons que les objectifs du programme national de lutte contre le sida - notamment réduire de 20 % l'incidence des cas de sida en cinq ans et faire décroître les infections sexuellement transmissibles - ont été définis dans la loi relative à la politique de santé publique du 9 août 2004 - Voir ASH n° 2371 du 3-09-04.
(3) Voir ASH n° 2239 du 30-11-01.
(4) S'agissant des populations migrantes, Philippe Douste-Blazy a indiqué que les actions de dépistage et de prévention seraient renforcées et développées dans le cadre du programme migrants 2004-2006 du ministère - Voir ASH n° 2379 du 29-10-04.
(5) Les crédits d'intervention du ministère de la Santé destinés à la lutte contre les infections sexuellement transmissibles et le VIH/sida sont désormais intégrés dans le programme santé publique et prévention sur la base de la reconduction des moyens alloués en 2003.