S'interrogeant sur la vogue des structures de soutien à la parentalité - réel besoin des familles « en mal de repères » ou nouvel habillage de pratiques anciennes de contrôle ? -, Catherine Sellenet, psychologue et sociologue, s'est attachée à analyser le fonctionnement, pendant trois ans, de groupes de parole mis en place par la protection maternelle et infantile et l'Association d'action éducative de Loire-Atlantique. A partir de l'enregistrement des séances de ces groupes, composés quasi exclusivement de mères, la chercheuse met en évidence leur rôle fondamental de « support identitaire » pour les participantes. Indépendamment de leur statut parental, ces dernières viennent y chercher une reconnaissance pour elles-mêmes. Elles mettent en avant le plaisir de se rencontrer et le sentiment d'exister par et dans le groupe, revendiquant une écoute centrée sur elles en tant que personnes, et non sur leurs comportements plus ou moins adaptés de parents. Répétant, de séance en séance, qu'elles attendent d'abord d'être soutenues dans leur identité personnelle et qu'on les aide à rompre leur isolement - leur bien-être n'étant pas un élément secondaire, mais un passage obligé pour l'évolution de leur rapport à l'enfant -, ces mères témoignent de ce que l'identité de parent ne suffit pas à donner un sens à la vie, et elles apprécient de pouvoir s'en ouvrir librement. Plus que de soutien à la parentalité, c'est donc surtout de soutien à la « maternalité » qu'il s'agit dans ces groupes de parole, souligne Catherine Sellenet. Mais si de tels espaces constituent un lieu de réflexion et d'émancipation pour les femmes, il est difficile de savoir, en raison de l'absence des pères, quel peut être leur impact sur les relations de couple et la redéfinition des rôles au sein de la famille.
Animer des groupes de parole de parents. Silence... On parle ! - Catherine Sellenet - Ed. L'Harmattan -20,50 €.