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Accueillir les adolescents en grande difficulté

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Ils sont qualifiés de « difficiles », « incasables » ou « à la limite des prises en charge éducative, sociale, judiciaire et psychiatrique »  : pour ces adolescents aux profils et aux situations « hors normes », il faut inventer des structures d'aide qui ne le sont pas moins, explique Claude Bynau, psychologue clinicien. Sachant que de nombreux jeunes ne supportent plus les hébergements collectifs et leurs méthodes éducatives, il a lui-même ouvert un placement familial innovant en 1995 dans le Nord : le service d'accueil familial pour adolescents (SAFA). Associant les avantages d'un cadre institutionnel - surtout pour les assistantes maternelles considérées comme des « éducatrices à domicile » et bénéficiant d'un travail de réflexion en équipe pluridisciplinaire - et les ressources d'un milieu familial représentant « une scène projective sur laquelle l'adolescent peut rejouer son histoire », le SAFA, détaille Claude Bynau, vise à « réintroduire, coûte que coûte, dans le parcours de ces jeunes, de la stabilité, de la continuité relationnelle, pour les aider à abandonner leurs réflexes défensifs que constituent les conduites d'échec à répétition ». Symboliquement et concrètement, l'adolescent n'est pas confié à une famille d'accueil, mais au service sous la responsabilité d'un cadre.

C'est donc au service dans son ensemble d'exercer l'accueil des jeunes, chaque famille pouvant servir de lieu relais « soupape » pour permettre à une collègue assistante maternelle de souffler. Et quand cela ne suffit pas et qu'un changement de lieu d'accueil s'avère indispensable, le déplacement s'effectue d'une famille à une autre en maintenant le suivi des mêmes éducateurs et psychologue, sous la responsabilité du chef de service. Autrement dit, précise Claude Bynau, « l'accueil n'est pas remis en cause par le Nous qui garde l'efficacité de sa fonction contenante ». Une partie des adolescents ont d'ailleurs dû avoir recours à deux, voire trois familles d'accueil, à un rythme parfois accéléré, pour finalement « poser leur valise » dans une quatrième et se stabiliser. Accueillis environ deux ans en moyenne, les jeunes ressentent cet engagement du service à leur égard. Constatant qu'ils sont « supportables », ils osent s'inscrire dans une relation durable malgré les multiples tentations et tentatives de la briser, commente le psychologue. Nombre d'entre eux parviennent aussi, progressivement, à « laisser tomber leurs symptômes », la moindre importance qu'on leur accorde diminuant leur intérêt dans le jeu relationnel à l'adulte, souligne Claude Bynau. Il ne faudrait pas, pour autant, idéaliser les effets de cet accueil familial, reconnaît-il. Cette formule ne constitue pas la panacée. Mais elle est adaptée à certains jeunes qui trouvent, dans ce type de service, une personnalisation très poussée des réponses éducatives « les confortant dans l'idée "d'être importants pour quelqu'un ", donc dignes d'intérêt ».

Accueillir les adolescents en grande difficulté. L'avenir d'une désillusion - Claude Bynau- Ed. érès - 18 €.

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