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Gérer les âges : l'IGAS enfonce le clou

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Dans son rapport annuel rendu public le 26 novembre, l'inspection générale des affaires sociales dénonce l'absence d'anticipation du vieillissement de la population active dans le secteur sanitaire et social. Le constat, s'il est connu, a le mérite d'être pointé officiellement par l'administration.

Le secteur sanitaire et social - entre 6 et 10 % de la population active - n'a pas pris la mesure du « papy boom », qui devrait s'accélérer dès 2007. L'inspection générale des affaires sociales (IGAS) n'est pas la première à dénoncer cette incurie (1), mais elle enfonce encore le clou dans son rapport 2004 sur la gestion des âges et les politiques de l'emploi (2). Si l'étude qu'elle consacre à ce secteur présente l'intérêt d'embrasser toutes les catégories d'employeurs, publics et privés, son champ est toutefois limité aux métiers de l'aide à la personne de niveau IV et V, très peu attractifs (3).

Premier constat : l'éparpillement des métiers du secteur social et médico-social rend très difficile une approche transversale, et quantifiée, du problème. Quelques indicateurs tout de même : le contrat d'études prospectives de la branche associative sanitaire, sociale et médico-sociale projette qu'en une décennie le secteur aura à renouveler le quart de ses salariés. Le vieillissement des aides à domicile est également flagrant : l'âge moyen des salariées de l'ADMR est de 45 ans et, parmi celles employées par des particuliers, 30 % ont plus de 50 ans, contre 21,5 % pour l'ensemble de la population active.

Malgré ces signaux d'alerte, l'émiettement du secteur, davantage préoccupé par son « contrôle qualitatif et financier », ne favorise pas « le développement d'une gestion des ressources humaines cohérente ». Les solutions : à la fois renforcer la politique de formation professionnelle, notamment par la validation des acquis de l'expérience (VAE), favoriser les mobilités professionnelles en décloisonnant les diplômes et développer la gestion prévisionnelle des emplois en assurant plus de moyens aux ressources humaines. L'IGAS préconise à cet effet de mutualiser les fonctions ressources humaines à l'échelle d'un territoire, comme l'ont déjà fait certaines associations d'aide à domicile. Et plaide pour la « fin des rigidités statutaires dans la fonction publique ». L'inspection compte aussi sur une plus grande mobilisation des partenaires sociaux dans le cadre de la réforme du dialogue social. Pour favoriser le maintien dans l'emploi des plus de 50 ans, le rapport suggère encore de développer des solutions « innovantes » pour les fins de carrière.

Comment néanmoins les régions vont-elles planifier les besoins, alors que les formations sociales leur seront transférées à compter du 1erjanvier 2005 ? L'inspection se montre optimiste  : « Le regard neuf qu'elles porteront sur ce champ, la capacité d'intervention que leur conférera la loi, leur donneront la possibilité de mettre autour de la table les services de l'Etat directement concernés - DRASS, DRTEFP, rectorat -, et peut-être de réussir une intégration que l'Etat n'a pas toujours su faire. » Encore dans le cadre de la décentralisation, l'IGAS propose aussi que des comités régionaux puissent susciter des négociations de branche par bassin d'emploi, en fonction des contraintes locales.

Ces considérations, cependant, n'exemptent pas l'Etat de son rôle de pilotage. A lui, soulignent les rapporteurs, de développer prioritairement un outil statistique et de recherche sur l'évolution des besoins, associant les ministères chargés des Affaires sociales et de l'Education nationale, entre lesquels « les concurrences sont vives » et les « incompréhensions parfois fortes ». Et surtout d'assurer l'accompagnement financier nécessaire.

Interrogée par les ASH , Maryse Chaix, sous-directrice de l'animation territoriale et du travail social à la DGAS, indique qu' « un plan d'action pour l'observation des métiers, associant les directions de l'administration centrale concernées et les branches va être proposé au cabinet ». Un projet sur l'actualisation des données de la DREES est également en cours afin d'alimenter les préconisations que le Conseil supérieur du travail social devra désormais formuler tous les trois ans dans le cadre de la décentralisation des formations. La DGAS prévoit en outre une étude sur l'usure professionnelle.

Maryannick Le Bris

Notes

(1)  Voir ASH n° 2367 du 9-07-04 sur l'avis du Conseil économique et social et n° 2358 du 7-05-04 sur le contrat d'études prospectives.

(2)  Rapport annuel 2004 - Gestion des âges et politiques de l'emploi - Rapport préparatoire : Gestion des âges dans le secteur sanitaire et social, l'exemple de la filière soignante et des métiers de l'aide à la personne - Disponible sur www.ladocumentationfrancaise.fr.

(3)  Le rapport annuel 2005 de l'IGAS portera, quant à lui, sur le thème : « travail social et intervention sociale de proximité ».

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