Pour la première fois, une étude, menée sous la houlette du professeur Stoleru, psychiatre et chercheur à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), et financée par les ministères de la Justice et de la Santé, va expérimenter des médicaments connus pour diminuer l'hormone qui, chez l'homme, agit sur le désir sexuel (1). Il s'agit d'apporter une réponse à la récidive des délinquants sexuels alors qu'aujourd'hui, dans les prisons, 22 % des condamnés le sont pour des infractions sexuelles, dont les trois quarts pour des viols sur mineurs. « En 1980, ces condamnés étaient 1 100, soit 5 % de la population carcérale. En 2004, leur nombre a atteint 8 200 », justifie en outre Dominique Perben dans un entretien accordé au quotidien Le Parisien daté du 9 novembre. Cette étude, qui concernera 48 patients, sera lancée début 2005 et durera plus de 24 mois.
D'emblée, le garde des Sceaux écarte l'idée d'appliquer ce dispositif à des délinquants sexuels détenus. « Des personnes incarcérées [pourraient être] tentées de lier ce traitement médical à une quelconque remise de peine », ce qui constituerait un « marchandage [...] inconcevable », explique le ministre de la Justice qui rappelle, au passage, l'interdiction fixée par la législation de toute recherche sur des personnes détenues. Conçu comme un « complément nécessaire à une psychothérapie » , ce traitement sera donc proposé à d'anciens détenus condamnés pour des infractions sexuelles. Seront visées des personnes libres, assujetties à un suivi socio-judiciaire avec injonction de soins ou - formule moins contraignante - à une obligation de soins, et qui seront volontaires . « Les sujets étudiés seront des récidivistes dont le comportement d'agression sexuelle n'aura pu être traité efficacement par approches psychothérapiques ou pharmacologiques », poursuit Dominique Perben. Ils devront également avoir reconnu leurs actes.
Au final, l'ambition est de valider l'effet de ces traitements sur les délinquants sexuels et d'obtenir une autorisation de mise sur le marché.
(1) Les intéressés seront traités avec deux produits, la cyprotérone et la leuproréline avec une surveillance clinique et biologique. « Ce traitement n'a aucun caractère irréversible : il ne marche que si on le prend », a expliqué le garde des Sceaux.