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Malgré un recours important à la contraception, les avortements restent nombreux en France

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C'est le « paradoxe contraceptif français ». Les femmes occupent « la première place mondiale pour l'utilisation des méthodes médicales de contraception » (pilule et stérilet), dont « l'efficacité est plus élevée que celle des méthodes dites naturelles ». Or 30 % des grossesses sont encore non prévues, parmi lesquelles une sur deux donne lieu à une interruption volontaire, dont le nombre reste très élevé. Deux publications viennent de le souligner.

Nouvelles inégalités d'accès à la contraception

Une riche enquête qualitative, menée par trois organismes de recherche et rendue publique le 10 novembre (1), éclaire les pratiques contraceptives et abortives en France. Elle souligne aussi les logiques contradictoires auxquelles sont confrontées les femmes, qu'elles relèvent de la « normalité contraceptive », du pouvoir médical ou des rapports sociaux de sexe.

Les chercheurs analysent notamment l'évolution des comportements des femmes lors de leurs premiers rapports sous l'effet de la promotion du préservatif (qu'elles associent rapidement à la pilule) ou les facteurs qui influent sur la décision en cas d'échec de la contraception.

Ils montrent aussi que les inégalités sociales persistent dans l'accès à la contraception, mais qu'elles se sont déplacées. Si elles portaient encore, au début des années 80, sur l'utilisation de la pilule et du stérilet, elles concernent désormais le type de pilule utilisé. Les produits de deuxième puis de troisième génération, moins fortement dosés mais non remboursés par la sécurité sociale, ne font pas l'objet de la même demande ni de la même prescription selon l'appartenance sociale des femmes.

Malgré une diminution au milieu des années 90, le nombre des interruptions volontaires de grossesse (IVG) reste, sur le moyen terme, aux alentours de 200 000 par an. Il a même recommencé à augmenter depuis l'an 2000 pour atteindre 205 600 en 2002 (+ 1,7 % en un an). La tendance est la même si l'on rapporte les chiffres absolus à la population des femmes âgées de 15 à 49 ans : 14 ‰ en 1990, 12, 3 ‰ en 1995, 14, 1 ‰ en 2000 et 14,3 ‰ en 2002. Cette évolution est parallèle à une hausse du nombre de naissances entre 1995 et 2000, note la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (2).

La tranche d'âge qui a le plus recours à l'IVG est celle des 20-24 ans, avec un taux de 27,4 ‰. C'est aussi celle où la croissance du phénomène est la plus forte. Mais l'augmentation est également marquée chez les plus jeunes. Si au moins 8 000 jeunes filles mineures ont demandé une IVG chaque année depuis 1990, le chiffre approche les 10 700 en 2002 (ce qui porte le taux à 9,4 ‰ pour les 15-17 ans).

Des pratiques d'IVG très différentes

Le recours à l'IVG est toujours très variable selon les régions. En métropole, il passe de 9,9 ‰ dans les Pays de la Loire à 23,8 ‰ en Corse. Globalement, il est plus fréquent dans l'Ile-de-France et dans le Sud. La pratique est aussi très élevée dans les départements d'outre-mer, avec deux pointes marquées en Guadeloupe (41,2 ‰) et en Guyane (37,3 ‰). Les disparités sont plus liées aux différences culturelles et aux inégalités en matière d'accès à la contraception qu'à des difficultés en matière d'équipements : plus de 96 % des IVG sont réalisées dans la région de résidence des femmes concernées. L'hôpital public pratique 68 %des interventions, alors qu'il compte 60 % des lits d'obstétrique, avec, là aussi, des variations très marquées selon les régions.

En 2002 toujours, 35 % des IVG ont été pratiquées par mode médicamenteux. Cette part a plus que doublé depuis 1990 et devrait encore s'accroître à l'avenir. Les autres interventions font l'objet d'une hospitalisation inférieure à 12 heures dans 84 % des cas.

Le délai de prise en charge entre la demande d'IVG et la date de réalisation est en moyenne de neuf jours. Mais il peut aller jusqu'à deux et même trois semaines dans quelques établissements. La loi votée en 2001, qui a porté le délai légal de recours à l'IVG de 10 à 12 semaines de grossesse, semble n'avoir eu qu'un « impact relativement marginal », remarque la DREES en restant prudente. En 2002, seuls 27 % des établissements sont intervenus dans cette période tardive et pour 7 % des interruptions qu'ils ont réalisées.

Parmi les 13 pays de l'Europe des Quinze où l'avortement est légal, la France reste parmi ceux qui comptent les taux les plus élevés d'IVG, derrière la Suède et juste devant la Grande-Bretagne et le Danemark. Dans l'Eu-rope des Vingt-Cinq, elle se retrouve en position médiane, les pays d'Europe de l'Est ayant encore fréquemment recours à l'interruption de grossesse comme méthode de limitation des naissances.

Notes

(1)  Menée par des chercheurs de l'Inserm, de l'INED et du CNRS - « La contraception et le recours à l'avortement en France dans les années 2000 » - Population n° 3-4/2004 - 20 €- INED : 133, boulevard Davout - 75980 Paris cedex 20 - Tél. 01 56 06 20 20.

(2)   « Les interruptions volontaires de grossesses en 2002 » - DREES - Etudes et résultats n° 348 - Octobre 2004 - Disponible sur sante. gouv. fr.

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