Parce que observer n'est pas voir, la pratique de l'observation nécessite une éducation du regard, explique Catherine Sellenet, psychologue et formatrice. Les dispositifs d'analyse des pratiques professionnelles - dont plusieurs approches, dans le champ de la petite enfance, sont présentées dans cet ouvrage - peuvent y contribuer utilement. Que doit-on observer et comment ? « Les intervenants se plaignent de ne pas avoir d'outils pertinents pour correctement décoder les interactions parents- enfants, évaluer les risques ou les ressources du milieu familial », souligne Catherine Sellenet. En outre, pour la plupart formés aux théories psychologiques ou psychanalytiques, les professionnels ont plus appris à écouter et à fonder leurs analyses sur du discours que sur des faits observés in situ. Rendant compte d'une formation à l'observation qu'elle a assurée, Catherine Sellenet met en évidence les principales difficultés rencontrées par les stagiaires, et comment les temps d'analyse des pratiques peuvent permettre d'en prendre conscience. Alors que dans le travail éducatif professionnel, « nous agissons envers autrui, il s'agit, ici, de penser l'agir dans un dispositif de transformation de l'action sans pouvoir sur elle », développe Didier Favre, éducateur de jeunes enfants et formateur. Soit une forme inédite d'élaboration de paroles en vue d'actes potentiels - ou « méta- pensée de l'action » -, qui vise à permettre aux professionnels de modifier leur regard et leur capacité à agir.
Professionnel (le) s de la petite enfance et analyse de pratiques - Ouvrage collectif coordonné par Dominique Fablet - Ed. L'Harmattan -20,80 € .