Nous allons tout mettre en œuvre pour arriver à une organisation régionale des centres de formation. Je milite pour que les écoles en travail social - instituts régionaux du travail social (IRTS), centres mono ou multifilières - se regroupent au plan régional, soit en créant des associations, soit en passant des conventions. En tant qu'ancien éducateur, j'ai vécu la séparation historique des métiers - AS, ES, CESF... - dans le travail social, alors qu'ils ont un socle commun... Ce cloisonnement explique la dispersion actuelle des établissements de formation. Pourtant, les centres monofilières ne peuvent plus rester isolés. Les alliances sont nécessaires.
Oui, même si nous nous accommodions très bien de la tutelle de l'Etat qui avait reconnu l'existence des IRTS. Mais encore faut-il que ce cadeau aux régions ne soit pas empoisonné. Par exemple, la réforme du diplôme d'Etat d'assistant de service social a augmenté de 300 heures la formation. Si l'Etat confie cette formation aux régions, va-t-il transférer les moyens correspondant au nouveau coût du diplôme ? Ou va-t-il laisser les régions se débrouiller seules ? Ce sera d'ailleurs l'objet de mon premier rendez-vous avec le directeur général de l'action sociale : que l'Etat, quand il crée ou réforme des titres, prévoie l'impact financier qui en résulte pour les régions.
La première réforme de la décentralisation de l'action sociale n'a pas entraîné une libéralisation du secteur. Il y a des missions pour lesquelles la région doit se comporter comme l'Etat. La pression sociale sera là pour éviter une complète ouverture du marché de la formation. De même, il y a un verrou avec l'Etat qui garde la maîtrise des diplômes. Ne soyons donc pas alarmistes, même si nous devons veiller, avec la décentralisation mais aussi avec la validation des acquis de l'expérience, à ne pas brader les diplômes. C'est pour cela qu'au sein du GNI, nous avons créé une commission de réflexion sur la qualité de la formation, qui fera des propositions.
Il y a une réalité aujourd'hui : les centres de formation, même s'ils ne voient pas diminuer leurs effectifs en début d'année, sont confrontés à une baisse du niveau des candidats qui se présentent aux concours. A l'IRTS de Poitou- Charentes, nous avons relativement un meilleur niveau des postulants à la filière des éducateurs de jeunes enfants que chez les éducateurs spécialisés et les assistants sociaux. Ce phénomène va bien au-delà des problèmes de rémunération de ces métiers. Le monde bouge. Mais ces professions ont-elles bougé ? Cette baisse de niveau ne doit bien évidemment pas tirer la formation vers le bas. Ce sont toutes ces questions que nous voulons aborder dans la commission sur la qualité. De même, nous avons l'intention de travailler beaucoup plus que nous ne le faisons aujourd'hui avec les branches professionnelles.
Autant je crois au regroupement des centres de formation au niveau des régions, autant je ne suis pas favorable à une organisation unique qui détruirait le pluralisme et la démocratie. La caravane ne va pas dans cette direction : les pesanteurs historiques sont très importantes dans ce secteur et ne vont guère dans le sens d'un tel rapprochement. Nous avons toutefois signé une convention de coopération avec l'Aforts (2) et nous continuons à dialoguer avec elle sur certains sujets précis. Propos recueillis par Isabelle Sarazin
(1) GNI : 13, boulevard Saint-Michel - 75005 Paris - Tél. 01 43 29 32 39.
(2) Voir ASH n° 2318 du 4-07-03.