La version définitive du rapport de la Commission du débat national sur l'avenir de l'école (1), remis le 12 octobre au Premier ministre, n'est pas de nature à apaiser les craintes suscitées par sa version provisoire parmi les professionnels du service social scolaire (2). L'instance présidée par Claude Thélot plaide toujours en effet pour que « le suivi des familles en difficulté [soit assuré] par des assistant (e) s sociaux (ales) qui n'opèrent pas » au sein des établissements scolaires. « Par souci d'efficacité et pour éviter le cumul et le risque de confusion des fonctions ou des compétences », l'école devrait s'appuyer sur « la palette complète des services sociaux et médicaux dont l'action et les missions sont définies et coordonnées par les départements conformément à la loi de décentralisation de 2004 : le diagnostic et la prise en charge de la difficulté repérée par les professeurs seraient assurés par une plate-forme de spécialistes médicaux et sociaux identifiés et reconnus ». A cette nuance près, par rapport à la version provisoire, que le recours à des professionnels ne relevant pas de l'Education nationale pourrait souffrir des « exceptions » , en particulier « dans les établissements difficiles où il faut renforcer l'accompagnement et l'écoute des élèves » .
La commission recommande par ailleurs d'intensifier les partenariats entre les établissements scolaires, la police et la justice. Elle considère en particulier que l'existence d'un référent police ou gendarmerie, prévue par un récent protocole signé par les ministres de l'Education nationale et de l'Intérieur (3), constitue à cet égard « un partenariat efficace ».
Au-delà, l'école, souligne le rapport, doit davantage œuvrer pour « favoriser la mixité sociale ». Dans cette perspective, afin de traiter directement les effets néfastes de la ségrégation, une « politique ambitieuse et globale de différentiation maîtrisée, c'est-à-dire de réduction volontariste des inégalités », doit être menée. Concrètement, le rapport recommande notamment que des moyens nettement accrus soit alloués aux établissements rencontrant de réels problèmes tenant à leur environnement.
Parmi les autres recommandations de ce document de plus de 160 pages - qui devait initialement servir de base à la nouvelle loi d'orientation sur l'école que le ministre de l'Education nationale entend présenter au Parlement au printemps prochain, mais que François Fillon semble avoir accueilli avec prudence -, le développement des « formations conduisant aux métiers paramédicaux et de l'accompagnement des personnes » , un secteur qu'il juge comme l' « un des plus porteurs en termes d'emploi pour les prochaines décennies ». Ou encore l'élaboration d'un « statut du lycéen professionnel » ,accompagné de la rémunération des jeunes lors de leur stage en entreprise.
(1) Pour la réussite de tous les élèves - Rapport de la Commission du débat national sur l'avenir de l'école - Claude Thélot - Disponible sur
(2) Sur les réactions relatives à la version provisoire, voir les ASH n° 2373 du 17-09-04 et sur les nouvelles réactions, voir ce numéro.
(3) Voir ASH n° 2376 du 8-10-04.