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Protection de l'enfance : « un goût amer »...

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Marie-Josée Roig, ministre de la Famille et de l'Enfance, a annoncé le 27 septembre son intention d'ouvrir avec les départements le débat sur la protection de l'enfance (1). Claude Roméo, directeur de l'enfance et de la famille de la Seine-Saint-Denis (2) et auteur d'un rapport sur les relations entre les parents, les enfants et les professionnels du secteur (3), rappelle que des propositions et des annonces ont déjà été faites sur le sujet, sans toutefois avoir été suivies d'effets.

« Si je me réjouis qu'enfin la ministre prenne la parole sur la protection de l'enfance, ses déclarations me laissent un goût amer.

« Tout d'abord, parce qu'elle ne prend nullement en compte le travail réalisé sur ce secteur, notamment par les ministres qui l'ont précédée et qui ont commandé différents rapports : ceux de Pierre Naves, Jean-Pierre Deschamps (4), Claire Brisset, défenseure des enfants (5), et le mien.

« D'autre part, comment ne pas être choqué d'entendre parler des centres éducatifs fermés, des quartiers pénitentiaires pour mineurs ou même des hôpitaux psychiatriques comme de « lieux de traitement des difficultés sociales d'un enfant et d'un adolescent ». Peut-on se limiter à des solutions d'enfermement des mineurs lorsque s'annoncent des difficultés sociales ? Ces remèdes ont été éprouvés à la fin du XIXe siècle en France. Depuis, peu à peu, au fil des évolutions législatives, la primauté avait été donnée à l'éducatif. Les reculs réalisés au travers des lois Perben et Sarkozy se poursuivent avec notre ministre de la Famille, censée proposer des solutions novatrices aux problèmes actuels des enfants et des familles.

« S'il y avait en France une vraie politique nationale de protection de l'enfance, nous aurions des assistantes sociales à l'école primaire. Dans la Seine-Saint-Denis, elles ne sont que trois ! Les juges des enfants ne seraient pas, dans ce même département, deux fois moins nombreux qu'à Paris pour autant d'affaires.

« J'avais, dans les colonnes des ASH  (6), fait part de quatre propositions, restées sans suite, à savoir :réaffirmer que la protection de l'enfance relève d'une mission de service public, clarifier les responsabilités entre l'Etat et le département, réactualiser certaines prestations de l'aide sociale à l'enfance, recrédibiliser le dispositif de protection de l'enfance.

« Sur le partenariat, où en est la circulaire du 10 janvier 2001 demandant aux préfets d'assurer la coordination sur la protection de l'enfance ?

« De même, que sont devenus les états généraux de la protection de l'enfance qui permettaient chaque année aux professionnels de faire une évaluation des politiques publiques et ensemble de se fixer des perspectives ? Plus de 1 000 professionnels avaient été réunis à la Sorbonne en 2000 et 2001.

« Quand nous examinons les moyens mis en place par la solidarité nationale pour la protection de l'enfance, nous pouvons noter la situation difficile des services sociaux et de la médecine scolaire. De même, la pédo-psychiatrie est sinistrée, ce qui aboutit à faire prendre en charge par les départements des enfants relevant du soin.

« S'agissant enfin de la formation professionnelle, il avait été décidé en 2001 d'accélérer, par un plan triennal, la formation des travailleurs sociaux. Or les centres de formation n'ont toujours pas les moyens d'une politique ambitieuse.

« Alors, oui, il est urgent d'engager le débat, non pas en médiatisant des affaires douloureuses comme celles de Drancy, Montbéliard ou Bourges, mais en les interprétant comme des signes que la protection de l'enfance doit redevenir une priorité, à laquelle les départements ne peuvent faire face seuls. »

Comme l'ensemble des salariés, le syndicat avait déploré que le Fasild ne bénéficie pas de moyens supplémentaires tenant compte de la mise en œuvre de ce contrat. Il avait aussi dénoncé les gels budgétaires qu'il avait subis en 2003. Rassurée, FO est néanmoins « plus circonspecte sur l'annonce de l'éventuelle réorganisation des procédures de financement du Fasild ». Intervenant à son conseil d'administration du 24 septembre, Catherine Vautrin, secrétaire d'Etat à l'intégration et à l'égalité des chances, a en effet évoqué la possibilité, encore à l'état de projet, de décentraliser ces procédures. Ce qui risquerait « d'organiser également des incohérences et des disparités entre les régions », craint FO.

Notes

(1)  Voir ASH n° 2375 du 1-10-04.

(2)  Contact : Conseil général de Seine-Saint-Denis - direction de l'enfance et de la famille - BP 193 - 93003 Bobigny cedex - Tél. 01 43 93 80 00.

(3)  Voir ASH n° 2236 du 9-11-01.

(4)  Sur les rapport de Pierre Naves, voir ASH n° 2177 du 25-08-00 et n° 2316 du 20-06-03. Sur celui de Jean-Pierre Deschamps, voir ASH n° 2207 du 23-03-01.

(5)  Voir notamment ASH n° 2238 du 23-11-01.

(6)  Voir ASH n° 2362 du 4-06-04.

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