« Récemment un certain nombre de faits divers ont montré que les procédures de repérage, de signalement de maltraitance et les suites qui leur étaient données comportaient sans doute des lacunes. » Or, « depuis les lois de décentralisation, la protection de l'enfance n'a pas véritablement fait l'objet d'un débat public si ce n'est à l'occasion du vote de la loi du 10 juillet 1989 sur l'enfance maltraitée ». C'est forte de ce constat que la ministre de la Famille et de l'Enfance a manifesté, le 27 septembre, à la veille de la journée nationale de l'enfance maltraitée, son intention de rénover, en concertation avec les départements, les dispositifs de protection de l'enfance. Des dispositifs que Marie-Josée Roig estime « éclatés, parfois anciens et d'application disparate ». En outre, si « les premiers lieux de repérage des difficultés sociales d'un enfant ou d'un adolescent sont les services départementaux de protection maternelle et infantile, l'école et les communes, les lieux de traitement en dernière instance de ces difficultés sont les centres éducatifs fermés, voire les quartiers pénitentiaires des mineurs » ou les hôpitaux psychiatriques , ce qui, selon la ministre, « traduit parfois les échecs des dispositifs en amont ».
Plus précisément, son souhait est d'ouvrir la réflexion autour de cet « enjeu essentiel » qui touche un nombre d'enfants en progression continue. Plus de 263 000 enfants auraient bénéficié en 2003 d'une mesure de protection administrative et judiciaire financée par l'aide sociale à l'enfance. Les départements ont en outre consacré à cette mission environ 5 milliards d'euros en 2002. Plusieurs axes de travail sont donc arrêtés par la ministre : « travailler tous ensemble » à une meilleure prévention des situations difficiles, mieux prendre en compte tous les aspects de la maltraitance, réfléchir à des formes d'accueil modulables en fonction des besoins de l'enfant, engager une réflexion sur la complémentarité des dispositifs, la coordination des intervenants...
Toutefois, « il ne s'agit pas de standardiser les pratiques ni d'entraver les capacités d'initiative et d'autonomie inhérentes à chaque institution, se défend Marie-Josée Roig, mais de les inscrire dans un cadre d'exercice et de références commun, moderne ». Elle dresse, pour ce faire, sa feuille de route : définir des critères d'admission aux différents dispositifs, des procédures « clairement définies » et un contenu « lisible » des actions partagés par tous les partenaires de la protection de l'enfance au plan départemental et communiqués aux parents et aux jeunes.
« Trop d'enfants passent d'institution en institution sans continuité de prise en charge, sans “histoire” construite avec les parents », regrette en effet la ministre qui estime, au contraire, nécessaire d'assurer à ces enfants en grande difficulté familiale « une référence adulte sécurisante, installée dans une certaine durée et dans la constance ». Concrètement, il s'agirait d'instaurer un adulte référent chargé de coordonner l'action des différents acteurs sociaux et d'assurer le suivi du dossier d'une famille.
Autant de sujets qui devraient être au cœur de la réflexion de plusieurs groupes de travail que Marie-Josée Roig entend mettre en place prochainement.