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Hébergement et réinsertion sociale : les CHRS

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Héritière d'une longue histoire, l'aide sociale à l'hébergement et à la « réadaptation » sociale- vocable auquel sera substitué, à partir de 1998, celui de « réinsertion »  -représente une forme particulière d'intervention à laquelle concourent environ 700 établissements. Maillons essentiels dans l'aide aux plus démunis, les centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) constituent une réalité très hétérogène en termes d'organisation des structures et de modes d'habitat comme de catégories d'usagers accueillis, de critères d'admission, de durée des séjours et de formes de prises en charge. Pour donner à voir cette diversité, Patrick Pelège, sociologue qui a longtemps exercé comme éducateur spécialisé en CHRS, propose une visite guidée de six modèles types d'institutions, situées en Rhône-Alpes- région la mieux dotée en établissements de ce genre après l'Ile-de-France. L'auteur présente deux exemples de CHRS anciens fonctionnant sous forme d'internat- un centre d'urgence accueillant des hommes seuls, et une structure d'hébergement pour hommes seuls et couples sans enfant - ; deux externats (accueil en logements individuels) de création plus récente, l'un exclusivement destiné à des femmes et enfants ayant à se protéger de violences intra-familiales, l'autre ouvert à différents publics (personnes isolées et familles)  ; deux CHRS plus spécifiques au regard de la population accompagnée, centre de jour sans hébergement accueillant des sans domicile fixe dans le premier cas, appartements « éclatés » pour des personnes sortant d'hôpitaux psychiatriques dans le second. Illustrant chaque fois, à travers des bribes de récits de vie, les effets des pratiques instituées sur les conditions d'existence des personnes hébergées.

Au fil de ces monographies qui éclairent telle ou telle dimension du dispositif - fondements de l'intervention, profil de l'équipe, itinéraires des usagers, supports de l'accompagnement social, formes et enjeux de la relation d'aide -, il s'agit de comprendre si l'action de ces structures « participe à la consolidation et à l'inscription en termes de droits élémentaires à la citoyenneté, ou si paradoxalement les mesures d'assistance, quand bien même elles seraient transitoires, accentuent les processus de marginalisation et de désaffiliation ». Autrement dit, au-delà des discours récurrents sur l'autonomie, le renforcement des capacités et la responsabilisation des usagers, les conditions d'accueil en centre d'hébergement et de réinsertion sociale fournissent-elles réellement aux intéressés les moyens d'atteindre ces objectifs ? Pas forcément, répond l'auteur, car si elles visent bien l'intégration sociale, ces institutions ne la réalisent qu'à travers un « détour ségrégatif », marqué par un régime interne de fonctionnement et des règles propres d'échanges qui s'organisent, la plupart du temps, en dehors de la société globale.

Tout en soulignant le rôle positif des CHRS, notamment au plan de la restauration de l'identité personnelle et de la prise ou de la reprise de confiance en soi des résidents, Patrick Pelège met particulièrement en question « le règne de l'accompagnement individualisé » qui renvoie l'usager à son unique responsabilité au détriment de formes d'organisation collective qui pourraient renforcer le processus de socialisation.

Hébergement et réinsertion sociale : les CHRS. Dispositif, usagers, intervenants  - Patrick Pelège - Ed. Dunod - 27  .

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